dimanche, décembre 31, 2006
LE GRAND INCENDIE
Casablanca brûle de mille feux et nous au Casablancasylum on adore cette ambiance, mais comment vous la décrire. Imaginez une mégapole en flamme, à tous les coins de rue se dressent des bûchers aléatoires, des braseros de fortunes fumants comme une armée de dragons. Autour les enfants s'agitent dansent et rient au milieu des crépitements.
Ah... l'odeur du sang, les cris des bêtes affolées et cette atmosphère de crématoire à ciel ouvert finiront bien par achever notre processus de décivilisation totale ici à la rédaction de Casablancasylum.
Les enfants dansent donc, attisant les braises sur lesquelles les têtes de moutons se carbonisent. Odeurs de cornes calcinées, fumées épaisses, charbon brûlé, et partout des cris des esclaffades, ici deux malems (artisans) égorgeurs armées de longs couteux vermeils, la chemise maculée de sang, traversent le boulevard dans leurs grandes bottes en caoutchouc, là un hommes avance, une tête de mouton tranchée et perdant son sang dans chaque mains, il s'en va l'apporter aux gamins du coin qui la lui rendront noire de suie.
Sur un autre boulevard, les agneaux sont pendus aux arbres dans l'attente d'être dépecés, et des femmes s'activent autour de grandes bassines où baignent les abats. Une fois ceux-ci nettoyés on verra bientôt des enfants s'amuser en soufflant dans les poumons pour les voir gonfler comme dans des ballons de chair rose élastique.
Pour le dépeçage du mouton chacun sa technique. Une fois le ruminant égorgé, les arabes l'accrochent en l'air par les pattes et lui font glisser la peau en la martelant du manche du couteau. Les berbères laissent le corps à terre. Dans un premier temps ils vont le battre copieusement avec de gros bâtons, puis l’un d’entre eux s’en revient muni d’une longue sarbacane en métal qu’il plonge dans la laine et sous la peau. A mesure que le berbère souffle dans son tube, l’animal semble revenir à la vie, il gonfle comme une grenouille, va presque jusqu’à doubler de volume et on s’attendrait presque à le voir se redresser sur ses quatre pattes.
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10 commentaires:
enjoy it antiphon, y a longtemps déjà que le lecteur a eu connaissance de votre fascination pour le gore, le sang et les viscères..:))
par extrapolation, l'odeur de laine cramée ne risque pas de vous deplaire.
c'était donc ça... l'odeur de la laine brûlée... je pensais que ça venait de la combustion des crânes... merci pour la précision.
Odeur qui, soit dit en passant, se fait de plus en plus envahissante à mesure que la journée progresse. Par exemle ici dans l'appart, toute fenêtres fermées on la sent comme si on avait trois bêtes mortes dans la pièces d'à côté.
Le Maroc aimez le ou sinon quittez le...
je compatis...c de lanoline brûlée ça donne comme une odeur de crème à hydrater bon marché plutot rance..
nicolas, paraît que trop de graisse dans le boulefaf..ça rend kelk peu mauvais..Aïd Moubarak Saïd..
"Une fois le ruminant égorgé, les arabes l'accrochent en l'air..."
" A mesure que le berbère souffle dans son tube, l’animal semble revenir à la vie..."
Faudrait savoir, c'est des arabes ou des berbères ? vous auriez pu au moins vous fendre de deux majuscules...
d'autant qu'en ce jour de fête, les "arabes" et les "berbères" (on dit : amazighe) cessent d'être des Arabes et des Amazighes pour devenir (c'est le cas de le dire) des Musulmans. comme l'un de mes amis, il s'appelait marc mais il s'appelle youssef désormais, français par son père, italien par sa mère et musulman par sa femme, il égorge chaque année une bestiole laineuse et cornue, puisqu'il faut appeler les choses par leur nom.
bref, je trouve sympa votre surréalisme néo-gotlibien mais je trouve qu'il vous manque encore quelques clés pour prétendre comprendre le maroc et surtout pour en parler.
cela étant, merci de vous indigner des enfants sniffeurs de colle et tutti quanti.
salutations confraternelles
driss messaoudi
c'est assez clair selon moi : les arabes l'accrochent, les berbères le laissent à terre. Le distingo est évident.
Deuxième point : si je me rappelle bien des règles désolantes qui gouvernent l'orthographe français, on ne met de majuscule qu'aux nom de pays, le Maroc, la France, mais pas aux marocains, ni aux français.
quelles sont donc ces clés si précieuses qu'il me manquerait?
je ne cherche pas à comprendre, je ne cherche plus rien, je ne peux, si vous voulez vraiment le savoir, même pas m'exprimer librement sur ce blog sachant que je suis au Maroc et qu'on ne peut raconter n'importe quoi sur pas mal de chose et de personnes.
Je reste donc dans le vague, l'abstrait, l'onirique, bref je dois sans cesse user de moyen détournés, codifiés, métaphorisés ou dieu sait quoi pour avancer parfois un pauvre point de vue.
Comme disais rené Char, j'ai par nature la respiration agressive, mais l'expérience reste somme toute assez frustrante, car il y aurait vraiment bcp à dire sur le Maroc mais je tiens à ma tranquillité.
trop de susceptibilité par ici, et surtout, une liberté de façade, liberté surveillée, conditionnelle... ah faut dire vous me prenez dans un de ces jours où tout fout le camp....
driss messaoudi... je n'avais pas fait le rapprochement. Quel honneur! Sachez que je vous lis régulièrement et salue votre initiative à plumes.
long route à vous et vos canetons.
ça n'empêche, je relisais votre message, c'est proprment invraissemblable, surtout venant d'un journaliste progressiste et critique :
"je trouve qu'il vous manque encore quelques clés pour prétendre comprendre le maroc et surtout pour en parler"
ET SURTOUT POUR EN PARLER ???
me conseillez vous de me taire? un étranger au Maroc n'a donc pas la possibilité d'emettre une vision (obligatoirement subjective... comment pourrait-il en être autant, surtout qu'après tout on est sur un blog, pas un canal officiel d'information)
sur le Royaume?
peut-être pourriez vous être plus explicite et développer votre pensée :
quels sont les articles (sur la Maroc, on s'entend) qui vous amènent à me balancer des pseudo diktats? Quelles sont les thèmes abordés où mon jugement serait à revoir? Soyez précis, je vous en remercie d'avance.
salam man
mieux vaut tard que jamais ! c'est sympa de poursuivre ce débat mais pourquoi ne pas plutôt de vive voix ?
merci pour votre appréciation des exploits du Canard, joignez-y donc votre plume !
c'est vrai, des fois la démocratie sur internet me gonfle mais je ne suis loin d'être aussi répressif que j'en ai l'air...
dm
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