samedi, juillet 28, 2007

LIQUIDATION TOTALE



"Commune Présence", Réné Char.

Tu es pressé d'écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie
S'il en est aisni fais cortège à tes sources
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rebellion de bienfaisance
Effectivement tu es en retard sur la vie
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir, Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois la comme la nuque en sueur trouve le bon mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.Tu as été crée pour des moments peu communs
Modifie toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.

Essaime la poussière.
Nul ne décèlera votre union.

mercredi, juillet 25, 2007

BREAKFAST GLORY

De notre envoyé spécial en pays hibou, un morceau particulièrement bien adapté à notre contexte maroco-interzonesque...


Thanks Lio.

mardi, juillet 24, 2007

SPECTRE TANGEROIS

Il est l'heure de convoquer nos shamans, l'heure de faire mariner le peyolt sur le feu, au fond de la cour une vieille touille et retouille un mélange d'os pilés et de sang de chèvre, et le miracle, le monde des morts nous est une fois encore ouvert. Il est là, il revient de la nuit, notre dandy toxique, ici à Tanger :

jeudi, juillet 19, 2007

MODERN DAY CASABLANCA

Fatal destin du chauffeur de taxi rouge...


Casablanca, ville de tous les miracles...


Summertime...

STYLISH MAFIA


Hiérarchie stricte, contrôle des activités illicites, connexions avec la société civile, les milieux d'affaires et les hommes politiques ; les activités des organisations criminelles japonaises ressemblent à celles de toutes les mafias du monde. Mais les yakuza ont aussi leurs spécificités, issues d'un contexte culturel et d'une histoire propres. L'une d'entre elle : l'irezumi (tatouage rituel) et le yubitsume (amputation de l'auriculaire)


Se faire tatouer constitue un test d'endurance et de courage étant donné la méthode particulièrement douloureuse. Contrairement à son homologue occidental il est entièrement fait à la main. On utilise toujours de fines aiguilles, de l'encre de charbon et des pigments de couleur. L'outil du tatoueur est une sorte de manche en pointe, en général en métal mais autrefois en bambou, au bout duquel sont insérées ces aiguilles.


A l'origine les tatoos étaient rudimentaires : chaque fois qu'un yakuza refroidissait un type, il se tatouait un cercle autour du bras, mais avec le temps le rite gagna en compléxité. En outre, c'est le symbole que l'on quitte la société civile pour entrer dans une société parallèle, celle du crime. Le tatouage yakuza, très codifié, repose sur des règles strictes qui sont à la limite des arcanes ésotériques. Par exemple, un véritable irezumi a une progression très spécifique, en partant de la mer vers le bas, puis en remontant progressivement avec les cieux au plus haut.


On ne peut pas mettre non plus n'importe quel dessins dans un irezumi. Bien sûr, on trouvera les classiques samuraïs, dragons et onis, mais aussi la carpe (on dit que cette dernière remonte les chutes d'eau et quand elle a atteint le haut, elle se transforme en dragon). On nage donc en plein mélange de culture païenne, très exotique pour nous gaijins.


Notons en passant que de la même façon que la grand mère française considérera toujours le tatoué comme un ex-taulard ou un maquereau potentiel, la tranche la plus âgée de la population nippone voit toujours dans l'ornementation corporelle le signe terrible et terrifiant d'une appartenance à la mafia. Encore aujourd'hui, de nombreux endroits sont interdits aux personnes tatouées (établissements de bain, les piscines publiques ou les parcs d'attraction)


Le yubitsume quant à lui est un signe de manquement aux devoirs, de trahisons ou de fautes. Afin de se faire pardonner par son chef, l’oyabun, le yakuza s’amputera d’une phalange, la mettra dans du papier et la fera parvenir à son maître comme marque de pardon. Si le yakuza renouvelle ses fautes, c’est au tour des autres doigts de subir une ablation. Peu d’entre eux conservent leur main en parfait état. Il est reporté que la plupart d’entre eux, après avoir obtenu le pardon, conserve cette phalange dans un flacon de formol, bien en vue de manière à ne pas renouveler l’expérience.


Bien souvent, en cas de haute trahison du clan tout entier, l’ablation n’est pas suffisante, et le yakuza termine dans les statistiques… Cette tradition se perd de plus en plus par souci de discrétion face aux autorités. Il était devenu difficile aux repentis de se ranger, le signe étant trop visible. Ainsi depuis une dizaine d’années, on peut voir l’apparition de chirurgiens spécialisés dans la reconstitution de phalanges, ou d’experts en prothèses auriculaires. « Yukako Fukushima, 31 ans, est passée experte en faux doigts. Sa clientèle ? Les mafieux nippons qui veulent se refaire une réputation en remplaçant l'auriculaire qu'ils se sont coupé en signe d'obéissance à leur chef.

mardi, juillet 17, 2007

FOOTBALL TIME AT THE CASABLANCASYLUM

DERRIERE L'HERMINE


Le portrait de Cécilia Gallerani, dite « La dame à l’hermine », caractérise magnifiquement le style de Léonard. On peut l’admirer aujourd’hui au musée Czartoryski de Cracovie. Acquise en France à l’époque de la révolution, ou plus probablement en Italie peu de temps après, elle se retrouva au début du XIXe siècle au château de Pulany. Rapportée à Paris en 1830, elle demeura inconnue jusqu’en 1870, date à laquelle elle retourna en Pologne. C’est alors seulement que les experts se penchèrent sur son cas et commencèrent à voir en elle une œuvre léonardienne. L’identification fut confirmée beaucoup plus tard par la découverte d’un dessin d’étude de Léonard conservé à la bibliothèque de Milan qui ressemblait au visage de la jeune femme. Mais qui était donc le modèle s’il ne s’agissait pas, comme on le pensait au XIXe siècle, d’une belle de la Cour de France ?
Le costume, avec le décolleté carré, les manches à lacets, s’affirme clairement milanais. La belle lombarde serait en fait la jeune maîtresse de Ludovic Le More, Cecilia Gallerani. Née en 1473 d’un père ambassadeur mort quand elle avait sept ans et d’une mère de bonne famille, elle n’était pas extrêmement riche mais fut bien éduquée et, selon les témoignages, brillait par son intelligence. On pense que Le More s’amouracha d’elle alors qu’elle n’avait encore que quatorze ans. Le Duc venait d’intervenir en faveur du frère de la jeune fille qui avait tué quelqu’un en duel. En 1490, bien qu’un mariage politique ait été prévu entre Ludovic et Béatrice d’Este, la fille du Duc de Ferrare, le maître de Milan adorait tant sa jeune compagne qu’il vivait avec elle au château Sforzesco se moquant éperdument du scandale. La belle tomba bientôt enceinte. Le mariage avec Béatrice d’Este fut pourtant conclu en 1491 et donna lieu à des fêtes magnifiques, ce qui n’empêcha pas le More de continuer à voir celle dont il était épris, au grand ressentiment de l’épouse légitime. Cette dernière demanda donc à son mari de chasser sa concurrente de la cour, et Cecilia mit au monde en ville, entourée de poètes qui l’adoraient, son fils Cesare Sforza. C’est probablement quelques mois après l’accouchement que Léonard réalisa le tableau pour que son amant puisse l’admirer en son absence et nourrir son imagination érotique. Le portrait est mis au service de l’analyse psychologique. L’effet de lumière qui le construit donne l’impression qu’une porte vient de s’ouvrir dans la pièce sur un personnage attendu et aimé. Le jeu subtil de l’ombre et de la lumière, noter l’ombre portée des perles du collier ou les ombres de la main, crée un singulier effet de réel. On devine presque sous les doigts de la jeune femme le cœur palpitant du petit animal, effrayé par l’intrusion. La douceur de la caresse, la sérénité du visage qui esquisse un sourire sont autant de promesses de bonheur à l’homme amoureux qui vient d’entrer. Mais l’œuvre renvoie aussi à une subtile symbolique. En effet, Léonard écrit dans ses notes : « l’hermine, en raison de sa tempérance…se laissera plutôt prendre par les chasseurs que de se réfugier dans un terrier boueux, afin de ne pas entacher sa pureté ». Pureté, tempérance, virginité, sont en effet les vertus traditionnelles associées à l’animal dans l’Italie de la Renaissance. La chasteté déclarée du modèle ne fait bien entendu qu’érotiser plus encore le tableau dans l’esprit du commanditaire. L’hermine renvoyait par ailleurs encore à d’autres jeux intellectuels. En grec, en effet, galé (première syllabe de Gallérani) signifie belette, un jeu de mot apprécié par les contemporains humanistes.

La dame au petit robot, ça sonne tout de suite moins bien

D’autre part, Ludovic le More avait reçu de Ferrante d’Aragon, Roi de Naples, le prestigieux ordre de l’hermine. En portant dans ses bras l’animal aux aguets aux muscles puissants et aux griffes prêtes à déchiqueter ses ennemis, Cecilia porte donc le symbole de la puissance aristocratique de son amant. Ludovic est non seulement le personnage hors-champ vers lequel se tournent les beaux yeux verts de la concubine, mais aussi l’animal noble et fier au regard courroucé qui ne se laissera jamais prendre par ses nombreux ennemis. Malheureusement pour lui, cette prédiction s’avèrera erronée et après la conquête du Milanais par les Français en 1499, le More finit sa vie enfermé au donjon de Loches, et sombra dans la folie. Cecilia, elle, mariée en 1492 avec le Comte Lodovic Bergamini de Crémone, continua de tenir salon à Milan. Elle protégea alors des hommes de lettre comme ce Bandello aux Novelle duquel Shakespeare emprunta diverses intrigues (dont celle du Marchand de Venise ou celle de Roméo et Juliette). Son portrait fut envié par les plus belles dames d’Italie, notamment par Isabelle d’Este qui pria qu’on lui envoie le tableau afin de l’étudier pour pouvoir reproduire sa perfection. Léonard, ne finit jamais le portrait d’Isabelle qui lui inspira sans doute moins de sympathie, il faut le dire, que la douce et vive Gallerani, la belle Lombarde.

SOON IN CASABLANCA ?

dimanche, juillet 15, 2007

L'ESPRIT DU CHAMEAU


Pourquoi le cacher, autant vous le dire, l'auteur de ce blog s'imagine souvent Zarathoustra solitaire hurlant aux cimes désertées, figure tragique du bloggeur sans lecteurs.
D'ailleurs qui parmi vous se soucie encore des écrits de ce bon vieux F.Nietzsche, philosophe au marteau, sculpteur et destructeur de la morale humaine. La morale ici on la connait, on n'échappe, ici encore moins qu'ailleurs, à sa lourdeur crastratrice, à ses austères influences. Oui aujourd'hui on peut bien vous l'avouer, le Maroc c'est l'empire de la morale, une société minée par les codes les diktats les "do and don't". Tu dois tu dois tu dois (stade primaire des trois métamorphoses nietzschéennes, l'esprit se fait chameau...) ... Epuisante, écrasante rigidité.

Et pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique : The American Dream


Et justement, s'il ne fallait citer qu'un thème pour caractériser les idées maitresses de la philosophie nietzschéene, ce serait justement celui de la morale. Nietzsche semble être fasciné par elle et en fait l'unique objet de son ressentiment ("Il faut tirer sur la morale" dans le Crépuscule des Idoles).
La morale apparait alors comme le ressentiment des faibles, ceux qui ne supportent pas la réalité telle qu'elle est, c'est à dire tragique, conflictuelle et sexuelle, champs clos de passions, de pulsions inconciliables. Faible l'homme qui accuse ses passions, ressasse ses rancunes plutôt que d'affronter la réalité. Faible est celui qui refoule ou réprime ses passions niant par là-même la réalité.
Et dans cette obsession d'enrayer le mal, dans cette caricature du bien qu'est l'homme bon, virtueux, Nietzsche ne voit qu'un "hémiplégique de la vertu".
On se calme on se calme. L'inconvénient majeur c'est qu'on écrit seulement dans les pires des météorologies, résultat : mon hypothétique audience fait déjà rougir le fer qui me marquera du signe de la Bête.
M'enfin faut vraiment ne rien connaitre à la littérature pour taxer ses lignes de noirceur, relisez Pavese, César Pavese, l'unique auteur à faire passer Cioran pour un apôtre de la béatitude et du bonheur d'être.
Mais où voulions nous en venir?
Nulle part j'ai bien peur...

vendredi, juillet 13, 2007

WORSE AND WORSE

Pas rentré depuis plus de deux heures qu'on nous signale déjà un incident dans l'aile B du bâtiment, un interne aurait réussi à introduire des ballons dans nos cellules de repos. Résultat :

THE BOYS ARE BACK



Desastreuse gestion de blog au Casablancasylum, on en a conscience. Pas d'avis de départ en vacances, aucune notification sur un éventuel retour à des posts "lettrés", et pour couronner le tout, un sexisme de plus en plus intenable.
Enfin tout ça pour dire que notre machine déglinguée n'a pas encore livré son dernier souffle.

lundi, juillet 02, 2007

MAC EL ANGELLO

L'ETAT SAUVAGE


Avec le temps on perd goût à la lecture des romans, trop prévisibles, trop sages, trop doloristes ou nombrilistes, à finir pendu, noyé... Et puis vous le savez, lecteurs, ici c'est l'Afrique, la disette, des librairies fantômes s'astiquant sur le dernier Tahar Benjelloun, ultime déchet d'une littérature pour européens en mal de clichés et d'exotisme truqué.
Et pourtant, samedi dernier, en plein Casablanca, sur une pile de vieux livres bradés on tombe sur un titre qui nous arrête net : L'Etat Sauvage...
En bons occidentaux joyeusement décivilisés, les rédacteurs du Casablancasylum vibrillonnent, s'approchent de l'objet de papier, parcourent le résumé au dos de l'ouvrage, apprennent au passage que son auteur, Georges Conchon, en tira un prix Goncourt, vendu! (non pas pour le prix Goncourt, merde tu nous prend pour des lectrices du Figaro Magazine ou quoi?)
Parabole féroce sur la décolonisation, L'Etat Sauvage retrace le parcours d'Avit, fonctionnaire à l'Unesco débarqué la fleur au fusil dans un Etat africain en pleine effervescence. Il retrouve Laurence, son épouse, qui l'a autrefois quitté pour un certain Gravenoire, trafiquant à la petite semaine, et qui vit désormais avec Patrice Doumbé, ministre intègre d'un jeune gouvernement qui l'est beaucoup moins. Sous l'oeil désabusé des anciens colonialistes, le roman tourne vite au vaudeville fermenté, enfermant les protagonistes dans un climat de haine qu'attisera une population enflammée contre la putain blanche et le ministre noir.