lundi, septembre 11, 2006

LE MOQUADEM




Toujours animé du souci de livrer à mon cher lectorat des infos croustillantes et révélatrices, je ne suis pas peu fier de vous renvoyer aujourd'hui à un article paru dans la presse marocaine et qui ne devrait pas manquer de vous faire sourciller.
Il y est question du Moqadem, personnage incontournable de la vie marocaine, véritable colonne vertébrale du système de gestion de la cité marocaine, et également racketeur de première.
Comme vous le lirez bientôt le Moqadem dépend du Caïd qui dépend du Pacha. Ainsi ledit moqadem occupe l'essentiel de son temps à tourner à pied dans le quartier dont il a la responsabilité. Il tourne, regarde, discute, s'enquiert des nouveaux locataires des immeubles, récupère toutes sortes d'informations via les gardiens de voitures, les vendeurs de cigarettes au détails (qui, assis au coin des rues tout la journée, engrangent tout les ragots des quartiers), des concierges, etc... Il participe ainsi à ce réseau de contrôle social tellement caractéristique du Maroc.
Cette brève introduction étant dressée passons maintenant au corps de l'article, que voici :

« ...Dans le milieu des caïds, ces agents d’autorité au pouvoir
immense, on parle franchement de la corruption. On attribue à
chaque arrondissement une rbiâa. C’est la rente de chacun de
ces agents d’autorité. On la jauge, on discute des mérites
comparés de chaque arrondissement, tout cela sous le regard
aiguisé d’un Pacha qui apprend à chacun les « bons usages »
dès la sortie de l’école...il est cependant curieux d’observer que
celle-ci (la corruption) est fortement ritualisée. Le Caïd
ramène l’essentiel de son « butin » car c’est de cela qu’il s’agit
au Pacha. Et c’est ce dernier qui rétrocède sa dîme au «vaillant
collecteur » Le système se reproduit à l’identique à des échelons
supérieurs. Et c’est en général le secrétaire général de la wilaya
qui dépose l’enveloppe sur le bureau du gouverneur. Encore
une fois dans un rituel bien établi. L’argent n’est pas pour le
représentant de l’autorité mais pour sa femme El Hajja, la bien
nommée. ...Dans cet univers où la contrainte sociale est très
forte où les caïds s’auto surveillent pour mieux moucharder(une
révélation est un signe fort de loyauté) il vaut mieux avoir les
nerfs solides...Avec un salaire de 4000 dirhams par mois,
accompagné de primes qui dépendent du bon vouloir du
secrétaire général de la wilaya, le caïd est dans une situation
précaire. C’est sa capacité à adhérer au système et à faire
remonter promptement du cash qui seront les déterminants qui
permettent de juger de la valeur d’un caïd. ...Les Mokadems et
les chioukhs véritables raquetteurs payés au lance-pierre (410
dirhams par mois) rabattent le chaland qui passe à la caisse...»

Journal Hebdomadaire dans sa livraison du
1er au 7 juin 2002 (n°68.vol 2.)

Notons toutefois que SAR le Roi Mohamed VI, l’initiateur du « nouveau concept d’autorité », est lui-même engagé dans le combat contre ce même makhzen désuet, corrompu et corrupteur, antique et féodal. Et espérons le, avec le temps, cette face du système saura se muer en quelquechose de plus sain.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonjour Antiphon je ne manque pas de lire vos reflexions eclairées