lundi, août 21, 2006
CASABLANCA
Casablanca, le 20 Août 2006.
Grand angle sur l'environnement. Ville : Casablanca. Température : élevée mais stable et supportable pour un humain domestiqué dans les grandes plaines européennes. Taux d'humidité dans l'air : 70%. Ambiance générale : étrange. Précision : « Maghreb » du point de vue de l’étymologie (ma : négation, et ghreb : étrange) : où rien n’est étrange, où rien ne devrait nous surprendre. Retour sur l’ambiance générale : pesante la nuit dans les quartiers populaires où nous aimons aller boire de grands jus d’avocats. Taux de flics dans les rues : en hausse, légère. Certainement suite aux barbus et leur stock d'explosifs que la police à embarqués la semaine précédente. Cintexte religieux : arrivée imminente du Chabaan, mois précédent le ramadan, théoriquement sans alcool, pour préparer et nettoyer le corps avant le grand jeûne.
Fin du grand angle et zoom sur l'individu. Et Julia Kristeva pour aider à définir la substance première de l’étranger : « Libre d’attache avec les siens, l’étranger se sent complètement libre mais la contrepartie de cet absolu de liberté s’appelle solitude » « Bonheur de l’arrachement, de la course, l’étranger se fortifie de cet intervalle qui le décolle des autres comme de lui-même ».
Baromètre des humeurs : perturbé comme lors d’un survol des Bermudes. Mais d’une façon générale, tendant plutôt vers l’euphorie. Un homme faut que ça s’occupe sinon ça pourrit vite. Et là il semblerait bien que la rédaction de Casablancasylum, le blog d'un expat en perdition, soit la solution rêvée à l'ennui que je traine dans mes poches.
Attendez vous donc... non je devrais pas dire ça, pour l'instant j'ai quoi? Un lecteur peut-être? Un type paumé au milieu d'une forêt blanche et frissonnante, au fin fond du Quebec, rêvant de chants de muezzin et de soleils trompeurs.... Attends toi donc mon cher ami Quebecois à vivre de drôle de moments car mes humeurs fluctuent régulièrement alternant docilement entre le massacre et le rire.
Alors tu veux savoir quoi? A quoi ressemble ce pays qui t'es si lointain?
Communiquer clairement l’expérience vécue et te raconter le Maroc en quelques lignes relèverait du miracle, car le fleuve qui me porte m’éblouit chaque jour de nouvelles berges insoupçonnées, et il faudrait tout pouvoir livrer d’un seul tenant, vies, formes et couleurs croisées. Tout balancer en vrac comme dans une rage d’action-painter, marins déguenillés, guérisseurs saharaouis, nuées de cigognes, cités lacustres du grand sud, villages du bout du monde, aloès en fleurs, vallées de pommiers d’amandiers de pêchers éclaboussant les plaines souhouls de leurs vibrances blanches ou pastelles, ruelles poisseuses latrines à ciel ouvert, boulevards crasseux et bordés de palmiers hiératiques, cérémonies sacrées et polyphonies soufis, vieillards fumeurs de kif ou crachant leur dernière dent, champs de jeune blé sauvage où flottent des nappes d’anémones et de pensées, marées écumantes du grand océan et tous ses paysages en falaises, les fugues de ses huiles de cobalt.Faudrait parler des horizons, désormais inappréciables et initiateurs, du caractère des hommes et des femmes, de la vigueur et de l’endurance, de la fierté et de l’honneur, du don et par dessus tout… des incessants sourires.
Tu sais quoi, on va s'en tenir à ça pour ce soir, mais ne t'inquiète pas, tu n'as encore rien lu, et tu n'as encore pas idée de la vie qu'on peut mener ici, des hauteurs sur lesquels on s'élève et des gouffres fumant dans lequels on s'asphixie. Ca viendra...
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