lundi, avril 30, 2007
samedi, avril 28, 2007
PSYCHOTROPES EN SOUS-SOL
"Qu'est-ce qui te prend mon sucre de canne
De te klaxonner la gueule sombrer sur les récifs
De ta mémoire et revoir ton passif
En respirant la colophane"
La Nostalgie Camarade, S. Gainsbourg
La brutalité du monde coule sur les trottoirs de Casablanca. Retour à ma cité carnivore, habitacle transitoire des noyés et des glorieux.
Les glorieux, les flamboyants, les succes-stories, pas pour ici, l'auteur de ces lignes dédaignant par trop de visiter la joie des riches, turbulences dans le vide. Bizarrement nous voilà une fois encore bien plus attiré par la marge, l'orphelin, le contristé, la ruine.
Aux grandes artères vitaminées de franchises type Zara on préfèrera le lacis des voies de l'ancienne médina, homothétie nord africaine des calli de Venise, à la consommation symbolique de marques, celle des psychotropes bricolés.
Dans le genre catalogue des drogues, les premières pages du Festin Nu restent, de mémoire, l'énoncé le plus détaillé de la pharmacologie des amateurs de fuites. Laissons Burroughs à son éternité chimique et recentrons nous sur l'objectif, Casablanca, les mômes, la rue, la came.
On s'approche. N'entends pas les voix? Ne vois tu pas les ombres?
Des enfants dans la nuit. Déchirés à un cocktail shit colle alcool, engoudronnés sur l'asphalt, tout juste bons à borborygmer des bribes de balbutiements narcotiques. Un groupe de cinq, mioches allongés là entrelaçés dans leur songes, bercés par les douceurs de la colle.
Le divin quatuor new yorkais : The Ramones, dans leur période, "Now I wanna snif some glue"
L'un des gosses, le nez encore collé dans un sac en plastique, se colore les poumons de colophane, deux yeux morts perçant l'abîme injecté de sang, il a quoi? Six ans?
La colle c'est cool, ça tient chaud et sa pose son homme. Rien a voir avec les "bola hamra", les pillules rouges, à Khourigba, Morocco, y'a un type qui s'en est collé une sur trois quatre verre d'alcool à 90° mélangé avec de l'eau, il a descendu la rue, couteau à la main, poignardé un couple et... égorgé un cheval ! Le truc qui te javelise le citron en pas de temps ! Mais ça tourne bien aussi. Big up aux filières algériennes, qui font un taf considérable, et aux revendeurs de quartiers populaires genre Sidi Moumen qui exposent leur came au grand jour dans les allées des bidonvilles.
Mais qu'est ce qu'ils ont pris au département photo du Casablancasylum? C'est pas du tout le sujet les enfants !
La bola hamra,également identifiable sous les appellations "karkoubi", "habba", "fanid" ou "ghabra" "Al-Aoud Labiad" (le cheval blanc), c'est du lourd, comprimé rouge lâché entre 5 et 25 DH. Le best seller, on vous l'a déjà dit c'est la « bola hamra » (rivotril). Viennent après l'Artane (aoud lebiad) un antiparkinsonien, l'Hypnosedon (ibn zaïdoun), le très français Lexomil et l'Ortenal. Ainsi qu'un nouveau venu dans le marché : « katila » (la cartouche de la mort), 10 DH pour un mélange de maâjoune et d'haldol, puissant anxiolytique.
Des coups à finir chez nous, emmaillotté en camisole... enfin on peut toujours se déculpabiliser en se rappelant au souvenir d'un autre grand interne, Artaud qui d'autre !?
(Entre 2500 et 3000 enfants vivent dans les rues de Casablanca. Un chiffre qui semble en deçà de la réalité et qu'il faudrait réviser à la hausse.)
mercredi, avril 25, 2007
SINKING INTO OBLIVION
C'est l'abattement général, la grande déconfiture dans nos murs lézardés.
- "Quoi? De quels maux souffres-tu auteur?" s'enquiert le lectorat? "Seraient-ce les élections françaises qui te turlupinent le citron?"
- "Pas du tout lecteur invisible, je te laisse le soin de surveiller cette volière et tous les cacatoès qui s'y pressent! Sache que le court-bouillon de neurones essouflées qui préside en ces lieux est un pur concentré d'apolitisme, un irresponsable en puissance qui se rit des gesticulations et autres harranges à caractère électoral, carabistouilles que tout ça. Non ce n'est pas cela, c'est bien plutôt la finalité de toute cette entreprise bloguesque qui nous scepticise la conscience et réveille notre aquoibonnisme naturel. Des éclairs de lucidité nous transpercent la cervelle, des flashs comme des coups de fouets, et l'étrange sentiment d'être tombé aussi bas que les street-preachers qui hurlent sur les trottoirs new-yorkais"
- "Mais regarde je suis là moi, regarde, ta conscience s'est démultipliée comme un miroir brisé, tu t'es fais schizophrène, multiple personnality disorders, pour devenir ton propre spectateur, le témoin de ta chute à venir."
- "Peut-être es-tu dans le vrai... dans ce cas pourrais tu me dire où tu la vois toi cette chute à venir? Quels décors pour la fin du voyage?"
- " Ah mais sans hésiter : la Baie de Nouadhibou !"
- " Parce que je te connais auteur, et je n'ignore pas ta fascination pour le titre de ce poême de Paul Valery, Le Cimetière Marin"
- " Umh ...
"Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair."
- "Qu'est ce que je te disais ! Mais ne monte pas sur ton grand Verbe, laisse moi d'abord te dire Nouadhibou...
Location : Mauritania
Lattitude : N20 55.052
Longitude : W17 02.900
Altitude : 0
Là, aux portes de ton afrique fantôme, la suprême élégance des pays oubliés, espaces magnifiés, plus fantômatiques que jamais.
Trois cents épaves ensommeillées, coulées vives, là, lovées dans les longueurs du littoral.
"O poulpe au regard de soie ! toi, dont l'âme est inséparable de la mienne ; toi le plus beau des habitants du globe terrestre, et qui commande à un sérail de Quatre cents ventouses... pourquoi n'es-tu pas avec moi, ton ventre de mercure contre ma poitrine d'aluminium, assis tous les deux sur quelque rocher du rivage, pour contempler ce spectacle que j'adore..."
Lautréamont, prélude au Vieil Océan des Chants de Maldoror
On raconte que certaines épaves sont squattées, improvisées abris de fortune par quelque fondateurs d'asiles, et vas savoir pourquoi ma cervelle me renvoie aux squelettes d'oiseaux nains qu'évoque Saint John Perse, je ne sais trop où...
Adieu donc confesseurs de souffles, scruteurs de basses marées, RIP.
vendredi, avril 20, 2007
jeudi, avril 19, 2007
BY THE WAY
A relire Voltaire, on se demande vraiment comment l'imposture du "voltairianisme", ce masque de tolérance sirupeuse, a pu être plaquée bourgeoisement sur le visage de ce géant lucide. Voltaire optimiste? Quelle erreur! Pessimiste ou nihiliste? Pas d'avantage. Alors quoi. La vérité est qu'on ne le lit plus assez. C'est vrai qu'un bon roman de Marc Levi c'est tellement divertissant.
Au Casablancasylum on se refuse encore à envisager la lecture comme un divertissement. Un empoisonnement oui, via Baudelaire, Thomas de Quincey, Will Self, Leary, ou encore Cesare Pavese et son vénéneux Métier de Vivre. Un dispositif de sabotage du programme de la langue officielle, langue qui se doit d'être morte, medium mou tourné grand instrument de la communication économique, oui encore, cette fois suivre les lignes de Céline, certains livres de Burroughs, Khair Eddine...
Voltaire, "ce grand seigneur de l'intelligence" comme l'appelait Nietzsche, c'est une langue sans cesse en acte par-dessus elle même, lancée dans une guerre perpétuelle contre les doctrinaires de l'histoire, de la science ou de l'existence. Et plutôt donc que de "défendre" la langue française ou c'q'il en rest... mieux vaudrait propager Voltaire, décréter urbi et orbi sa lecture systématique. On y retrouverait par exemple ceci :
"ils se sont faits dévots de peur de n'être rien"
"La vie n'est que de l'ennui ou de la crème fouettée"
"J'ai vu qu'il n'y avait rien a gagner à être modéré, et que c'est une duperie. Il fait faire la guerre et mourir noblement sur un tas de bigots immolés à mes pieds."
mercredi, avril 18, 2007
mardi, avril 17, 2007
GIVE THE DOG A BONE
"Un peu plus, un peu moins, tout homme est suspendu aux récits, aux romans, qui lui révèlent la vérité multiple de la vie. Seuls ces récits, lus parfois dans les transes, le situent devant le destin. Nous devons donc chercher passionnément ce que peuvent être des récits - comment orienter l'effort par lequel le roman se renouvelle, ou mieux se perpétue." Georges Bataille, Le Bleu du Ciel
Jour après jour, maintenant, nous évoquons les cataclysmes, passés, présents et à venir. XXème siècle de la boucherie programmée, XXIème de l'explosion aléatoire et répression réclamée.
On n'oubliera donc d'écouter Sartre (« Bataille n'est pas un penseur, ni même un écrivain, c'est un fou ») et replongerons avec nos frères lecteurs dans Le Bleu du Ciel, roman du non-sens et de l'effondrement généralisé où l'on retrouve l'anti-héro de Bataille surmontant pages après pages une sorte d'invitation permanente à la décomposition.
Tout est noir, donc, mais dans l'expérience intérieure poursuivi e par cet aventurier buté, la nuit s'éclaire comme en plein midi. La débauche négative et sale avec Dirty tout comme l'agitation insurectionnelle avec Lazare ouvrent chaque fois sur un rire navré mais cependant triomphant.
Car Bataille a tout vu, dès 1935, il comprend la suite, dans les bars, les chambres d'hôtel, la nudité des corps : tout le monde est d'accord, au fond, pour interdire la jouissance, et réclamer, sans le dire "la marée montante du meurtre". La mort est l'ersazt de la jouissance sexuelle quand celle ci est bloquée de tout les côtés.
Et nous ici on en fait les frais depuis bientôt un mois.
POLITICAL JESUS
Dans notre série Modern Jesus nous vous apportions il y a de cela quelques mois les lumières eucharistiques de Serguei Torop, messie sibérique : Moujik Jesus
Aujourd'hui la timide famille des réincarnés divins s'étoffe d'un nouvel arrivant (tout du moins récemment localisé et répertorié dans nos annales psychiatriques) Mitsuo Matayoshi Mitsuo Matayoshi, conservateur nippon tellement saturé d'escathologie chrétienne qu'il en tutoie dieu le père.
Signe particulier : invite ses adversaires politiques au suicide traditionnel japonais.
vendredi, avril 13, 2007
jeudi, avril 12, 2007
LA GRANDE LESSIVE
Non, le sarkom nicolas n'a pas le monopole de la création de nouveaux ministères, Rachida Dati aussi :
Libellés :
political polichinelle,
pyrotechnie française,
rire primal
mardi, avril 10, 2007
SEPPUKU
Au coeur de Tokyo, l'ancien quartier général d'Ichigaya a été transformé en mémorial des Forces d'autodéfense, l'armée nipponne. L'insignifiante nuée de visiteurs quotidiens vient surtout voir la salle où se tint, de 1946 à 1948, le tribunal militaire chargé de juger les principaux criminels japonais. La plupart ignorent qu'au deuxième étage, s'est déroulé le 25 novembre 1970 un épisode qui provoqua à travers le monde une stupéfaction mêlée d'horreur : le suicide par éventrement (seppuku), selon l'ancienne tradition des samouraïs, de l'un des plus célèbres écrivains de l'archipel, Yukio Mishima.
À 11 heures, ce matin-là, Mishima se présente à la caserne d'Ichigaya avec quatre jeunes membres de sa petite armée privée, la Société du bouclier, la Tatenokai. Il a 45 ans.Depuis plusieurs mois, il a résolu de mourir avec son plus proche disciple, un étudiant nommé Masakatsu Morita. Introduits auprès du général commandant la place avec qui ils avaient pris rendez-vous, les cinq hommes le ceinturent, le ligotent, et se barricadent dans la pièce. Mishima exige que la troupe se rassemble. Cintré dans l'uniforme à gros boutons de cuivre de la Tatenokai, en gants blancs, le front ceint d'un bandeau orné du Soleil-Levant, il se lance dans une harangue enflammée. Quelques journalistes ont été prévenus.
Aux huit cents soldats réunis dans la cour, il demande de se soulever pour l'empereur et contre une Constitution «sans honneur», imposée par les États-Unis après la défaite. «Votre âme est pure, nous le savons ; c'est notre désir farouche que vous renaissiez de vrais hommes qui nous a conduits à ce geste...» déclame Mishima depuis le balcon du quartier général. Mais les insultes fusent et couvrent sa voix. Sans achever sa proclamation, il rentre dans la pièce, après un dernier «Tenno Heika banzai !» («Vive Sa Majesté impériale !»). Puis, s'agenouillant sur le sol, il ouvre sa tunique et s'enfonce une dague dans l'abdomen. D'un signe, il demande à Morita de lui donner le coup de grâce, comme l'exige le bushido, le code d'honneur des samouraïs. Mais, tremblant, le jeune homme ne parvient pas à le décapiter. C'est un de leurs compagnons qui, d'un seul coup de lame, achève la besogne. Puis Morita s'ouvre le ventre à son tour.
Extrait de "Patriotisme" dernière oeuvre filmée de Mishima
GAS MASK NATION
HAPPY EASTER
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