jeudi, mars 22, 2007

BRAVE OLD WORLD


A long terme, l’évolution la plus décisive du continent européen, celle de ses relations avec sa minorité musulmane croissante, suivra l’une de ces trois voies:

1. Intégration harmonieuse
2. Expulsion des Musulmans
3. Prise de pouvoir islamique.

Lequel de ces scénarios est le plus vraisemblable?
L’avenir de l’Europe revêt une grande importance non seulement pour ses résidents. Pendant un demi-millénaire, de 1450 à 1950, les 7% de la surface des terres émergées qu’elle représente ont décidé de l’histoire du monde; sa créativité et sa vigueur ont inventé la modernité. La région a perdu cette position cruciale il y a 60 ans, mais elle reste d’une importance vitale en termes économiques, politiques et intellectuels. Ainsi, la direction qu’elle prendra aura des incidences majeures pour le reste de l’humanité, et tout particulièrement pour ses nations sœurs telles que les États-Unis qui, historiquement, ont toujours considéré l’Europe comme une source d’inspiration, de peuplement et de biens.
Voici une appréciation de la vraisemblance des trois scénarios.
I. Règne musulman
Feu Oriana Fallaci observa qu’avec le passage du temps, «L’Europe se transforme toujours davantage en une province de l’Islam, une colonie de l’Islam». L’historienne Bat Ye’or a donné un nom à cette colonie – «Eurabia». Walter Laqueur prédit dans son prochain ouvrage Last Days of Europe (Les derniers jours de l’Europe) que l’Europe telle que nous la connaissons sera contrainte de changer. Mark Steyn, dans America Alone: The End of the World as We Know It (L’Amérique seule: la fin du monde tel que nous le connaissons) va plus loin encore et affirme qu’une grande partie du monde occidental «ne survivra pas au XXIe siècle et une grande partie, dont la plupart sinon la totalité des pays européens, disparaîtra pendant notre génération».
Trois facteurs – la foi, la démographie et le patrimoine culturel – indiquent que l’Europe s’islamise.

Foi.
Une laïcité extrême prédomine en Europe, surtout parmi ses élites, au point que les Chrétiens croyants (tels que George W. Bush) y sont considérés comme mentalement déséquilibrés et incapables d’assumer des tâches publiques. En 2005, Rocco Buttiglione, un politicien italien distingué et un Catholique croyant, a été empêché d’accéder au poste de membre de la Commission européenne pour l’Italie en raison de ses opinions sur l’homosexualité. Une laïcité inflexible va de pair avec des églises vides: à Londres, des chercheurs estiment que les mosquées reçoivent plus de Musulmans le vendredi que les églises chrétiennes le dimanche, bien que la ville compte près de sept fois plus de Chrétiens de naissance que de Musulmans de naissance. Plus le Christianisme pâlit, plus l’Islam attire – le Prince Charles fournit un bon exemple de la fascination exercée par l’Islam sur de nombreux Européens. L’Europe pourrait connaître un grand nombre de conversions à l’avenir, car comme le dit ce mot attribué à G.K. Chesterton, «lorsque les gens cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien – ils croient en n’importe quoi».
La laïcité de l’Europe donne à son discours des formes tout à fait inhabituelles pour les Américains. Hugh Fitzgerald, ex-vice-président de JihadWatch.org, illustre ici une dimension de cette différence:
Les déclarations les plus mémorables des présidents américains comprennent presque toujours des passages bibliques aisément reconnaissables. […] Cette source de vigueur rhétorique a été mise à contribution en février dernier (2003), lors de l’explosion de la navette Columbia. Si la navette détruite avait été non pas américaine, mais française, et si Jacques Chirac avait dû prononcer un discours à ce sujet, il aurait peut-être usé du fait que l’engin transportait sept astronautes et aurait tiré un parallèle avec les sept poètes de la Pléiade, soit avec l’Antiquité païenne. Le président américain, intervenant dans le cadre d’une cérémonie solennelle qui débutait et s’achevait par des passages en hébreu biblique, fit les choses différemment. Il prit son texte dans Isaïe 40:26, ce qui permettait de créer une transition harmonieuse entre d’une part le mélange d’émerveillement et d’effroi devant les hôtes des cieux générés par le Créateur et d’autre part la consolation pour la perte de l’équipage.
La foi des Musulmans, avec son tempérament djihadiste et son suprématisme islamique, tranche autant qu’il est possible avec celle des Chrétiens européens non pratiquants. Ce contraste amène de nombreux Musulmans à considérer l’Europe comme un continent mûr pour la conversion et la domination. Il en résulte des revendications suprématistes extravagantes telles que cette déclaration d’Omar Bakri Mohammed, «Je veux que la Grande-Bretagne devienne un État islamique, Je veux voir les couleurs de l’Islam flotter au 10, Downing Street.» Ou encore cette prédiction d’un imam installé en Belgique: «Nous prendrons bientôt le pouvoir dans ce pays. Ceux qui nous critiquent aujourd’hui le regretteront. Ils devront nous servir. Préparez-vous, car l’heure est proche.»[1]


Population.
L’effondrement démographique indique également que l’Europe s’islamise. Actuellement, le taux global de fertilité européen oscille autour de 1,4 par femme, alors que le maintien d’une population exige un taux légèrement supérieur à deux enfants par couple, ou 2,1 enfants par femme. Le taux réel n’en représente que les deux tiers – un tiers de la population nécessaire ne vient tout simplement pas au monde.
Pour éviter une chute démographique critique, avec tous les malheurs que cela implique – notamment l’absence de travailleurs pour financer de généreux plans de retraite –, l’Europe a besoin d’immigrants, de beaucoup d’immigrants. Ce tiers importé tend à être musulman, en partie parce que les Musulmans sont proches (13 kilomètres seulement séparent le Marc et l’Espagne, quelques centaines relient l’Italie à l’Albanie ou à la Libye); en partie parce que des liens coloniaux continuent d’unir l’Asie du Sud à la Grande-Bretagne ou le Maghreb à la France; et en partie à cause de la violence, de la tyrannie et de la pauvreté si répandues dans le monde musulman actuel et qui génèrent d’incessantes vagues migratoires.
De même, le taux de fertilité élevé des Musulmans compense le manque d’enfants parmi les Chrétiens indigènes. Bien que les taux de fertilité musulmans soient en baisse, ils restent sensiblement supérieurs à ceux de la population chrétienne indigène. Il est certain que les taux de natalité élevés sont liés aux conditions de vie pré-modernes dans lesquelles vivent de nombreuses femmes musulmanes en Europe. À Bruxelles, «Mahomet» est le nom de garçon nouveau-né le plus populaire depuis quelques années. Amsterdam et Rotterdam pourraient devenir, d’ici 2015, les premières grandes villes européennes à majorité musulmane. L’analyste français Michel Gurfinkiel estime qu’une guerre des rues en France verrait s’affronter les enfants des indigènes (en français dans le texte) et ceux des immigrants quasiment à égalité. Les pronostics actuels prévoient une majorité musulmane dans l’armée russe dès 2015 et dans l’ensemble du pays vers 2050.


Patrimoine culturel.
Ce qui est souvent décrit comme la rectitude politique de l’Europe reflète à mon avis un phénomène plus profond, à savoir l’aliénation de leur civilisation que ressentent de nombreux Européens, l’impression que leur culture historique ne vaut pas qu’on la défende, voire qu’on la préserve. Les différences entre Européens sont frappantes à cet égard. Le pays peut-être le moins touché par cette aliénation est la France, où le nationalisme traditionnel reste vivace et où les gens sont fiers de leur identité nationale. La Grande-Bretagne est le pays le plus affecté, comme l’illustre bien le programme gouvernement larmoyant «ICONS - A Portrait of England», qui tente maladroitement de raviver le patriotisme des Britanniques en les réconciliant avec des «trésors nationaux» tels que Winnie the Pooh et la minijupe.
Ce manque d’assurance a eu des conséquences directes négatives pour les immigrants musulmans, comme l’explique Aatish Taseer dans le magazine Prospect.
L’appartenance à la culture britannique est l’aspect le plus purement nominal de l’identité de nombreux jeunes Pakistanais britanniques. […] En dénigrant sa culture, on court le risque de voir les nouveaux-venus en chercher une ailleurs. Cela va si loin dans le cas précis que pour beaucoup de Pakistanais britanniques de deuxième génération, la culture du désert des Arabes revêt plus d’attrait que la culture britannique ou continentale. Arrachés par trois fois au sentiment de posséder une identité durable, les Pakistanais de deuxième génération trouvent une identité disponible dans la vision du monde extranationale de l’Islam radical.
Les Musulmans immigrants méprisent profondément la civilisation occidentale, tout particulièrement sa sexualité (pornographie, divorce, homosexualité). Les Musulmans ne s’assimilent nulle part en Europe, les mariages intercommunautaires sont rares. Voici un exemple pittoresque du Canada: la mère du tristement célèbre clan Khadr, connu pour être la première famille canadienne du terrorisme, retourna au Canada depuis l’Afghanistan et le Pakistan en avril 2004 avec l’un de ses fils. Bien qu’elle ait demandé l’asile au Canada, elle affirmait à peine un moins auparavant que les camps d’entraînement sponsorisés par Al-Qaïda étaient l’endroit rêvé pour ses enfants. «Vous voudriez que j’élève mes enfants au Canada pour qu’ils se retrouvent drogués ou homosexuels à l’âge de 12 ou 13 ans? Vous trouvez que ce serait mieux?»
(Ironie du sort, aux siècles passés, comme l’a documenté l’historien Norman Daniel, les Chrétiens européens méprisaient les Musulmans, dont la polygamie et les harems leur semblaient révéler une obsession du sexe, et se sentaient moralement supérieurs à eux précisément sur ce point.)
En résumé, cette première argumentation avance que l’Europe sera islamisée, qu’elle se soumettra ou se convertira sans résistance à l’Islam parce que le yin de l’Europe s’accorde si bien au yang de l’Islam: faiblesse et puissance de la religiosité, de la fertilité et de l’identité culturelle.[2] L’Europe est une porte ouverte que les Musulmans franchissent librement.


II. Expulsion des Musulmans
Ou la porte leur sera-t-elle fermée au nez? Le commentateur américain Ralph Peters écarte le premier scénario: «Loin de jouir de la perspective de s’approprier l’Europe en y faisant des enfants, les Musulmans d’Europe y vivent leurs dernières heures. […] les prédictions de prise de pouvoir musulman en Europe […] font abstraction de l’histoire et de la brutalité indéracinable de l’Europe.» Sur ce, décrivant l’Europe comme l’endroit «où ont été perfectionnés le génocide et le nettoyage ethnique», il prédit que ses Musulmans «auront de la chance de n’être que déportés», et non tués. Claire Berlinski, dans Menace in Europe: Why the Continent’s Crisis Is America’s, Too (Menace en Europe: pourquoi la crise du continent est aussi celle de l’Amérique), approuve cela implicitement en désignant les «anciens conflits et schémas de pensée […] qui s’extirpent lentement des brumes de l’histoire européenne» et qui pourraient bien susciter la violence.

Le Nouveau Croisé Européen

Ce scénario veut que les Européens indigènes – qui constituent toujours 95% de la population du continent – se réveillent un jour et imposent leur volonté. «Basta!» – diront-ils, en restaurant leur ordre historique. Cela n’est pas si improbable; un mouvement d’irritation se fait jour en Europe, moins parmi les élites qu’au sein des masses, qui proteste bruyamment devant l’évolution en cours. Ce ressentiment est illustré notamment par la loi antivoile française, par la mauvaise humeur suscitée par les restrictions imposées aux drapeaux nationaux et aux symboles chrétiens et par l’insistance à servir du vin lors des diners officiels. On peut mentionner aussi un mouvement spontané apparu dans plusieurs villes françaises au début de 2006 et qui consiste à distribuer de la soupe au lard parmi les pauvres, excluant ainsi intentionnellement les Musulmans.
Certes, ce sont des affaires mineures, mais des partis ouvertement opposés aux immigrants ont déjà émergé dans de nombreux pays et commencent à exiger non seulement des contrôles efficaces aux frontières, mais l’expulsion des immigrants illégaux. Un mouvement anti-immigration est en train de se former sous nos yeux, de manière largement inaperçue. Si son parcours est encore très discret, son potentiel n’en est pas moins énorme. Les éléments opposés à l’immigration et à l’Islam ont généralement des racines néofascistes mais ont gagné en respectabilité avec le temps, se sont dépouillés de l’antisémitisme de leurs origines et de leurs théories économiques douteuses pour se concentrer plutôt sur les questions de foi, de démographie et d’identité, et pour étudier l’Islam et les Musulmans.
Le British National Party et le Vlaamse Belang belge sont deux exemples d’une telle évolution vers la respectabilité, laquelle peut déboucher un jour sur l’éligibilité. Ainsi, la course à la présidence française en 2002 s’est résumée à une compétition entre Jacques Chirac et le néofasciste Jean-Marie Le Pen.
D’autres partis de ce type ont déjà goûté au pouvoir. Jörg Haider et le Freiheitliche Partei autrichien y ont accédé brièvement. La Lega Nord italienne a fait partie des années durant de la coalition au pouvoir. Ces partis vont vraisemblablement progresser car leurs messages anti-islamistes et souvent anti-islamiques trouvent un répondant et les partis du courant dominant vont probablement les adopter en partie (le Parti conservateur danois en est un exemple – il est revenu au pouvoir en 2001, après 72 ans passés dans la marge, essentiellement en raison du mécontentement provoqué par l’immigration). Ces partis bénéficieront sans doute de la situation lorsque l’immigration gonflera encore pour atteindre des proportions incontrôlables en Europe, avec peut-être un exode de masse en provenance d’Afrique, comme l’indiquent de nombreux indices.
Une fois au pouvoir, les partis nationalistes rejetteront le multiculturalisme et tenteront de rétablir les valeurs et les mœurs traditionnelles. On ne peut que spéculer sur les moyens qu’ils utiliseront et sur les répliques des Musulmans. Peters s’attarde sur les aspects fascistes et violents de certains groupes et s’attend à ce que la réaction antimusulmane revête des formes menaçantes. Il esquisse même un scénario dans lequel «des navires américains sont à l’ancre et des Marines sont descendus à terre à Brest, Bremerhaven ou Bari pour garantir l’évacuation des Musulmans d’Europe dans de bonnes conditions».
Depuis des années, les Musulmans s’inquiètent justement de telles incarcérations brutales, suivies d’expulsions, voire de massacres. Déjà dans les années 1980, feu Kalim Siddiqui, alors directeur du London’s Muslim Institute, agitait le spectre des «chambres à gaz hitlériennes pour Musulmans». Dans son livre de 1989, Be Careful With Muhammad (Soyez prudents avec Mahomet), Shabbir Akhtar avertissait que «la prochaine fois qu’il y aura des chambres à gaz en Europe, il n’y a aucun doute sur l’identité de ceux qu’on y mettra», à savoir les Musulmans. Un personnage du roman de Hanif Kureishi paru en 1991 et intitulé The Buddha of Suburbia (Le Bouddha des banlieues), prépare une guérilla dont il prévoit l’instauration quand «les blancs se seront tournés contre les noirs et les Asiatiques et tenteront de nous faire passer dans des chambres à gaz».
Mais il est plus vraisemblable que les revendications européennes seront mises en œuvre pacifiquement et légalement, et que les violences proviendront de Musulmans, conformément aux récentes tendances à l’intimidation et au terrorisme. De nombreux sondages confirment que 5% environ des Musulmans britanniques approuvent les attentats à la bombe du 7 juillet, ce qui indique une disposition générale à recourir à la violence.
Quoi qu’il en soit, on ne peut pas s’attendre à ce qu’un redressement des Européens se déroule de manière coopérative.


III. Intégration des Musulmans
Dans le scénario le plus réjouissant, les Européens autochtones et les immigrants musulmans trouvent un modus vivendi et vivent ensemble harmonieusement. Le témoignage peut-être le plus classique de cette perspective optimiste provient d’une étude de 1991, La France, une chance pour l’Islam, par Jeanne-Hélène et Pierre Patrick Kaltenbach. «Pour la première fois dans l’histoire, il est offert à l’islam de ‹se réveiller› dans un pays démocratique, riche, laïc et pacifique», écrivaient-ils alors. Cette espérance persiste. Un article de premier plan paru dans l’Economist à la mi-2006 affirme que «pour le moment du moins, la perspective d’Eurabia semble alarmiste». À la même époque, Jocelyne Cesari, professeur associée à la Harvard Divinity School, discernait un équilibre en la matière: de même que «l’Islam change l’Europe», disait-elle, «l’Europe change l’Islam». Elle estime ainsi que «les Musulmans ne veulent pas changer la nature des États européens» et s’attend à les voir s’adapter au contexte européen.
Mais un tel optimisme est hélas peu justifié. Les Européens pourraient certes encore redécouvrir leur foi chrétienne, faire davantage d’enfants et mieux chérir leur patrimoine. Ils pourraient encourager une immigration non-musulmane ou acculturer les Musulmans vivant parmi eux. Mais ces changements ne sont pas en cours actuellement, et les chances de les voir apparaître sont faibles. Au lieu de cela, les Musulmans cultivent des revendications et des ambitions conflictuelles à l’égard de leurs voisins indigènes. Fait inquiétant, chaque génération semble plus aliénée que la précédente. Le romancier canadien Hugh MacLennan qualifia le fossé anglais-français séparant son pays de «Two Solitudes»; un phénomène similaire apparaît et se développe en Europe, mais de manière beaucoup plus prononcée. Ces sondages de Musulmans britanniques, par exemple, révèlent qu’une majorité d’entre eux perçoivent un conflit entre leur identité britannique et leur identité musulmane – et ils souhaitent l’instauration de la loi islamique.
L’éventualité de voir les Musulmans accepter les restrictions de l’Europe historique et s’intégrer sans heurt dans ce cadre peut être pratiquement exclue. Même Bassam Tibi, professeur à l’université de Göttingen, qui a maintes fois averti que «soit l’Islam s’européanise, soit l’Europe s’islamise» a personnellement abandonné tout espoir pour le continent. Récemment, il annonça qu’il allait quitter l’Allemagne, après avoir y vécu 44 ans, pour déménager à l’université de Cornell, aux États-Unis.
Conclusion



Comme le résume le commentateur américain Dennis Prager, «Il est difficile d’imaginer un autre scénario pour l’Europe occidentale que l’islamisation ou la guerre civile». En effet, ces deux alternatives extrêmement déplaisantes semblent bien définir les choix offerts à l’Europe – prise entre deux forces antagonistes, l’une menant au pouvoir des Musulmans et l’autre à leur expulsion, elle peut devenir une extension de l’Afrique du Nord ou entrer dans un état de quasi guerre civile.
Quelle voie prendra-t-elle? Les événements décisifs qui apporteront une réponse à cette question sont encore en devenir, de sorte que personne ne peut porter un jugement définitif. Mais l’heure de la décision est proche. D’ici la prochaine décennie à peu près, les louvoiements actuels toucheront à leur terme, l’équation Europe-Islam se resserrera et la pente qui déterminera l’avenir du continent devrait apparaître.
Il est d’autant plus difficile d’anticiper cette transformation qu’elle est sans précédent historique. Aucun territoire de grande envergure n’a jamais ainsi glissé d’une civilisation à une autre à la suite de l’effondrement démographique, religieux et identitaire d’une population; et aucun peuple ne s’est jamais redressé à une telle échelle pour prôner son patrimoine historique. Le problème européen est si inédit et si étendu qu’il est difficile de le comprendre, tentant de l’ignorer et presque impossible d’en pronostiquer l’évolution. L’Europe nous entraîne tous en terre inconnue.

Daniel Pipes est directeur du Forum du Moyen-Orient et professeur invité à l’université de Pepperdine.
Cet article a été adapté d’un exposé donné au Centre de conférence Woodrow Wilson et intitulé «Euro-Islam: la dynamique d’une intégration efficace».
[1] De Morgen, 5 oct. 1994. Cité dans Koenraad Elst, «The Rushdie Rules», Middle East Quarterly, Juin 1998.
[2] Il est frappant de relever qu’à ces trois égards, l’Europe et les États-Unis étaient beaucoup plus semblables il y a 25 ans qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Cela indique que leur écart actuel résulte moins d’évolutions historiques remontant à plusieurs siècles qu’à des développements intervenus dans les années 1960.
Cette décennie a eu un impact très marqué sur les États-Unis, mais elle a affecté l’Europe beaucoup plus profondément encore

(via : Desintox)

12 commentaires:

Anonyme a dit…

et pour quoi il n'a y que 3 voies; peut être aussi integration non harmonieuse qui s'ajuste et se négocie au jour le jour, ou expulsions séléctive des musulmans ou alors renforcement du pouvoir des musulmans..enfin des voies moins bien tracées et bcp plus probables..

Antiphon a dit…

Imane... enfin! Je ne t'attendais plus.
Pourquoi trois voies seulement? D'abord parce que l'article n'est pas de moi mais extrait d'une conférence (voir au bas de l'article) et ensuite parce qu'en livrant un article aussi caricatural j'espérais faire réagir mon maigre lectorat.
Je ne vais plus en France, tu sais, je ne la sonde que via quelques blogs et journaux en lignes et j'ai comme l'impression que le passage de l'article qui avance que "un mouvement d’irritation se fait jour en Europe, moins parmi les élites qu’au sein des masses, qui proteste bruyamment devant l’évolution en cours"
Une de mes vieilles théories est que la vie des hommes est largement structurée par leurs PEURS, peur de manquer, peur d'être seul, peur du changement, et évidemment peur de l'Autre...
Semblerait que les émeutes des banlieues aient sérieusement traumatisé le peuple de France, le pays tremble encore, le pays a peur, c'est du moins ce que laisse transparaitrent de nombreux blogs, une espèce de racisme soft et décomplexé et moi, sursinge apocalytique, j'observe du haut de mon abri-cocotier tout ces petits blancs monter en neige...

Anonyme a dit…

c'est peut être le déséquilibre précédant l'accalmie..gardons espoir !..:))
sinon, je lis tous tes articles, même si je me manifeste pas à tous les coups.
bonne continuation antiphon..

Antiphon a dit…

thank's babe

AbMoul a dit…

L'unique voie: cahacun vit sa foie, ou son absence de foie, dans le respect de l'autre. Tu ne m'impose pas ta façon de vivre ou de voir le monde, j'arrête de vouloir te dominer et te prendre pour un eternel barbare en manque de civilisation ou de liberté. Tous le monde est content et on se soncentre sur l'essentiel: les inégalités, l'injustice, l'opression, quel qu'en soient les sources.
Mais,force est de constater que des illuminés, bons pour la camisole, se refusent à cette configuration si simple et si sensée. Il y en a bien dans les deux camps. Fallaci ou Robertson vs Benladen ou zawahri, pour moi c'est du blanc bonnet, bonnet blanc..

Gabriel Fouquet a dit…

Sauf que Fallaci elle n'a tué personne hein...

Antiphon a dit…

Faites gaffe les commentateurs.... rien n'échappe à Gatsby le Magnifique!!!
Sympa votre dernière recrue au CGB, et ça fait pas de mal parce qu'y semblerait qu'il y ait des défections dans vos rangs... Christ-off, René J., et toi même qui n'apparait plus que dans les coms....

Lato sensu a dit…

(" de la haine viendront nos idées" disait Genet). Elle n'a certes tué personne... du moins pas encore.

Antiphon je n'ai pas pu aller au bout de l'article...

Gabriel Fouquet a dit…

Salut antiph.

Je pense que ce dernier billet te plaira.

Je voulais aussi te dire merci pour la découverte de Bakchich.

Anonyme a dit…

C'est donc l'article d'un autre... et finalement qu'en pensez vous ?

Je vais donc répondre à cet autre :

1. les 7% de la surface des terres émergées qu’elle représente ont décidé de l’histoire du monde de 1450 à 1950

Euh... ceci est une vision très européo-centriste, justement. De très grandes parties du continent asiatique n'ont été que très peu affectées par l'Europe, ou très tardivement.
Par ailleurs, les 500 ans mis en exergue, bien que récents, ne sont finalement qu'une petite part de l'histoire. Qui a commencé assez tôt justement en Asie.

Disons que l'avenir de l'Europe revêt une grande importance pour elle-même.

2.La région (...) reste d’une importance vitale en termes économiques, politiques et intellectuels
A moins d'inclure les Etats-Unis dans l'Europe, ce qui donne une toute autre teinte à cet article, il me semble que notre importance économique est particulièrement faible, et en train de couler de plus en plus. Nous avons certes des sièges au Conseil de Sécurité, mais l'ONU est impuissant. Et notre importance intellectuelle ? Que savent donc de nous les Chinois, les Indiens ?

3.Une laïcité inflexible va de pair avec des églises vides: à Londres...
Laïcité inflexible en Angleterre ? Où la Reine est chef de l'église, où la prière dans les écoles est obligatoire ? L'auteur me semble mal informé, ou avoir une autre conception de la laïcité que celle communément admise.

4.Plus le Christianisme pâlit, plus l’Islam attire
Faux, à plusieurs titres.
Le retour à la pratique catholique commence à être un péhnomène réel, même si il est ténu. Par ailleurs, en termes de conversions des "chrétiens" à une autre religion, le Boudhisme a une "part de marché" beaucoup plus importante que l'Islam. Certes, il fascine, mais les conversions restent peu nombreuses.

5.La laïcité de l’Europe donne à son discours des formes tout à fait inhabituelles pour les Américains So what ? En quoi est-ce un critère ? L'Europe se rapproche de ses valeurs chrétiennes, elle les a mêmes rappelées dans sa constitution. Pourquoi devoir imiter le mode de discours des américains ? Pays de la chasse aux sorcières de tout poils...

6.l’Europe a besoin d’immigrants, de beaucoup d’immigrants. Ce tiers importé tend à être musulman, en partie parce que les Musulmans sont proches
Là on change, pour une vision méditerranéenne de l'Europe. Et même dans cette Europe méditerranéenne, on a tendance a souvent oublier que l'immigration est aussi largement Africaine, et qu'en dessous du Sahara, les Africains sont beaucoup plus souvent chrétiens ou animistes que musulmans. Il suffit pour s'en rendre compte de voir comment l'église commence à regonfler les rangs de ses prêtres avec des ministres africains... Il y a aussi une forte immigration des pays de l'Est, Russie, Pologne, etc... dont la tradition musulmane est "bien connue".

En ce qui concerne la fécondité, une analyse récente a montré que l'immigration n'entrait que pour une part extrêmement faible dans le relèvement du taux de fécondité Français. Les femmes immigrées ont le plus souvent déjà donné naissance à leurs enfants, et les immigrées de la seconde génération ont un taux de fécondité similaire à celui des françaises, à 0.2 points près.

Par ailleurs, les pays ayant les taux de fécondité les plus bas sont loin d'être ceux les plus ouverts à l'immigration en général.

7.Le pays peut-être le moins touché par cette aliénation est la France, où le nationalisme traditionnel reste vivace
Ce n'est pas ce que semble dire la campagne actuelle :)

8.pour beaucoup de Pakistanais britanniques de deuxième génération, la culture du désert des Arabes revêt plus d’attrait que la culture britannique ou continentale
Ben oui... c'est aussi le cas pour beaucoup d'Anglais qui rêvent d'être Lawrence d'Arabie.

9.Ce ressentiment est illustré notamment par la loi antivoile française, ... et par l’insistance à servir du vin lors des diners officiels.
Euh ?
La loi antivoile n'est pas antivoile, elle est prolaïcité. Et que dire de la même loi passée en Tunisie ?
Quant à l'insistance à servir du vin... je ne savais pas qu'il fallait insister ? Ah oui, c'est vrai l'auteur est américain.

10.Les Européens pourraient certes encore redécouvrir leur foi chrétienne, faire davantage d’enfants et mieux chérir leur patrimoine. Ils pourraient encourager une immigration non-musulmane ou acculturer les Musulmans vivant parmi eux. Mais ces changements ne sont pas en cours actuellement, et les chances de les voir apparaître sont faibles
L'acculturation des Musulmans ne passe pas obligatoirement par une redécouverte des valeurs chrétiennes de l'Europe, je dirais même au contraire car dans ce cas on retombe sur le bon vieil affrontement classique. Mais dire que ces changements ne sont pas en cours est une ânerie profonde. Il suffit de voir le désarroi des enfants d'immigrés musulmans, qui n'appartiennent pas encore à la culture européenne, mais ont profondémment conscience de ne plus appartenir à la culture de leur pays d'origine. Il faut une génération de plus pour que l'assimilation se fasse, mais elle a commencé.

11.Aucun territoire de grande envergure n’a jamais ainsi glissé d’une civilisation à une autre à la suite de l’effondrement démographique, religieux et identitaire d’une population
Ah ? Quid de la colonisation des Amériques par les Européens ? Quid de la colonisation de la Russie par les Mongols musulmans ?
Décidemment, ce monsieur a le sens des raccourcis mal documentés.

La présentation du "départ" de Bassam Tibi est effroyablement tendancieuse. Quand on va sur son site, il se présente toujours comme rattaché à l'Université de Göttingen. Et s'il a pris un an de sabbatique pour aller à Cornell (quoi de plus normal), il retourne ensuite enseigner à Vienne...

Un certain nombre d'américains, dont Daniel Pipes, se font un scénario horrifié de l'Europe tombant aux mains des musulmans. On rejoue la peur de l'homme au couteau entre les dents... pour oublier sans doute la violence des émeutes qui ont traversé le pays ?

Antiphon a dit…

Salut Marie-Aude, sympa de venir te promener dans les couloirs de ma clinique neuropsychiatrique.
A part quelques initiés on n'y rencontre plus grand monde, mais bon c'était mon choix, j'arriverai jamais à ratisser aussi large que l'ami Bervas.
Ce que je pense de cet article? ça dépend des jours, tu sais, ma pensée fait des loopings sous l'entonnoir qui me tient lieu de couvre-chef. Le texte souffre évidemment de quelques lacunes et raccourcis mais offre un excellent reflet de ce courant de pensée paranoïaque qui débuta avec la sortie du livre de Huntington, et nous la paranoïa tu sais c'est un peu notre fond de commerce...
Merci en tout cas pour ton commentaire.

Anonyme a dit…

My pleasure pour le commentaire...

Mais comme il n'est rien de plus sage que celui qui se dit fou, je reste intéressée par les différents loopings de ta pensée, les hauts, les bas, tout ça...

Ton blog est intéressant en tout cas, très intéressant :)