mardi, octobre 31, 2006

HIROSHIMA MON AMOUR



"C'est une véritable révolution !"
Le visage triomphal et masquant difficilement la béatitude du dirigeant victorieux, Gregg Dedrick, président de la Kentucky Fried Chicken Corporation annonçait hier lors d'une conférence de presse retentissante que suite à deux ans de recherches intensives, KFC allait changer l'huile de ses bacs à friture pour une huile de soja garantissant par là-même à sa clientèle dindonesque une réduction rapide et significative de son taux de choléstérol.
Révolution de portée sensiblement équivalente à la révolution de la web-democratie que certains volcaniques vaticinateurs ne cessent de nous prophétiser.
La web-démocratie, la démocratie 2.0, épouvantail déglingué, concept torchon vu l'effarant degré d'apolitisation des masses modernes et la narcose ambiante de nos foules solitaires et festives. Non, ici chez Casablanca Asylum la seule révolution à laquelle on adhère c'est celle du futurisme et en passant on vous en balance un ou deux axiomes du lumineux Manifeste Futuriste :

Axiome 3 " Nous voulons exalter le mouvement agressif, l’insomnie fiévreuse, le pas de gymnastique, le saut périlleux, la gifle et le coup de poing "
Axiome 9 " Nous voulons glorifier la guerre seule hygiène du monde, le militarisme, le patriotisme, le geste destructeur des anarchistes, les belles idées qui tuent et le mépris de la femme"

Seul le chaos nous sauvera de l'apathie, rétablissons donc de suite l'usage des mines anti-personnels et disposons les en parterres fleuris devant tous les Buffalo Grills de France.

lundi, octobre 30, 2006

DE L'AUTRE COTE DU MIROIR

Maroc.
En arabe : Al Maghreb, soit, littéralement : le couchant.
Mais également : Ma (prefixe indiquant la négation) et ghreb (inconnu, étranger, bizarre), soit : le rien de bizarre, entendez par là : où rien ne devrait vous sembler étrange, démonstration par l'image :


LUCY IN THE SKY WITH DIAMONDS



Grande gueule en bois ce matin... Passage obligé en cuisine pour une décoction maison et on revient vite et féroce.

dimanche, octobre 29, 2006

ODYSSEE PATAPHYSIQUE



Quand on ne sait pas où l'on va, il faut y aller, et le plus vite possible.

GA BU MEU ZO !!! La nouvelle est officielle est mérite bien la construction d'une nouvelle cosmopompe : La Shadokkaravelle "Casablancasylum" se serait posée aujourd'hui sur la planète Gibi, astre solaire à l'atmosphère riche en éléments rares, facilement explorable à partir de l'observatoire suivant : CulturalGangBang



Il va sans pomper que toute l'asile casadokien zo-ga-bu à tue tête, et comme on est bien avec la maison mère.
Sur la droite, sur la gauche
Devant et jusqu'au fond derrière
Tout le monde dans la place fait yeah yeah yeah!


samedi, octobre 28, 2006

SKETCHES OF CASABLANCA V.1.2

And now, Casablanca Asylum International Network proudly presents, a world exclusivity : les premières images de Derb Ghallef sur le Internet.



Bon alors on va jouer cartes sur table, ici c'est paranoïa à tous les étages, et on se dit que la censure n'est peut-être pas loin mais on y va quand même.
En se balladant dans le dédale des contres-allées de Derb Ghallef, on commence à prendre quelques photos quand sans prévenir une main se pose sur notre épaule compatissante :

- Le vendeur : "Non les photos sont interdites, vous ne pouvez pas, il faut pas!!!"
- Votre Lawrence d'Arabie : "Interdites? Nta darbek fitox?" (littéralement : t'as bouffé du baygon-vert?... phrase en vogue du moment)
- Le vendeur "Non mon frère, mais faut pas prendre de photos, après nous on risque d'avoir des problèmes, surtout si tu me dis que tu veux les mettre sur internet, notre activité est illégale"




Fin de notre communication du jour, et, juste pour vous faire baver de l'autre côté de la méditerrannée, ci dessus, le butin de notre expédition : 9 dvd. Coût de l'opération : 90 dh (9 euros).

SKETCHES OF CASABLANCA V.1.1















"Emmenez nous à Derb Ghallef, on veut aller à Derb Ghallef !"

Lorsque, de la plage de Casablanca, on scrute l'horizon marin, on y voit immobiles, des cargos en sommeils, batiments magnétiques et mutiques mouillant au large, dans l'attente d'un prochain débarquement. Casablanca, ville portuaire, accueille chaque jour dans sa fureur, des marins argentins, vietnamiens ou canadiens. Et savez-vous quelle est leur première requète, une fois le pied posé? Allez voir Derb Ghallef.

Curieusement, en frappant "derb ghallef" dans le moteur de recherche d'images de google, pas le moindre cliché, rien, des clous.

Casablanca Asylum, toujours soucieux d'apporter à son lectorat atomique, des infos inédites et le plus éloignées possible des brochures Nouvelles Frontières, s'engage donc à vous ramener ici, très prochainement, les premières photographies officielles du plus grand marché africain de la contrebande et de la contrefaçon, souk spécialisé hi-tec, mais écoulant également en pagaille et sans ordre de préférence : montres Cartier, Rolex, costumes Armani, des baskets Nike, Puma, Adidas, tondeuse à gazon, VTT, combinaison de plongée, bouteille de nitrox ou d'oxygène pur, parfums Channel, Dior, meubles en teck en bois sculpté, lustres en cristal, matériel médical (les médecins peuvent satisfaire leurs besoins en appareils et autres outils de fibroscopie ou de dépistage) ipod, PSP, gouda hollandais, chapeaux mous, boite de clous, planche de surf, livres saints et même parfois des manuscrits oubliés, comme par exemple en 1985 lorsque fut découvert chez un marchand de meubles de Derb Ghallef le manuscrit original d'Hérodias de Gustave Flaubert.

Nous y dépéchons, sans plus tarder, notre meilleure équipe de photo-reporters.

vendredi, octobre 27, 2006

SKETCHES OF CASABLANCA V.1.0














And now, back to Casablanca.
Casablanca c'est, il y a un peu plus de cent ans, un port de pêche de quelques centaines d'âmes bercées par le kif et le mouvements des vagues.
"Et aujourd'hui?" hurlez vous, trépignant jeunes modernes?
Trajectoire classique de la mégapole africaine : expansion... extension. Casablanca écume, centrifugeuse fiévreuse aux artères enfumées et bordés de murs blancs. Vue des toits : paysage parabolique sous ciel bleu. Vue du sol : surchauffée suvoltée hypertélique et chaotique, et dans le même temps oisive hypnotique, onctueuse et quasi-narcotique.


















Au milieu de la longue bande urbaine qui s'étire le long de l'Atlantique, le centre moderne de la ville, franchises européennes, cafés lounge, bar à sushis, épiceries fines il est fou afflelou, et Lacoste pour ses messieurs qui parlent millions à la terrasse des cafés, des filles des femmes toutes les femmes de l'univers, en tailleur droit ou en djellaba afghanne (rares et souvent regardées de travers) ou simplement couvertes d'un léger voile ou encore cheveux lachés jupe courte et longues bottes de cuir. Tout ça traversés par de longs boulevards bordés de palmiers hiératiques et de hautes façades vitrées au fil desquels les voitures européennes derniers modèles zigzaguent pilent se klaxonnent évitent les piétons qui partout traversent insouciants et croisent parfois sur leur chemin un viel homme courbé sur une cariole tirée par un âne.
















Autour, les quartiers nids de poules, souks improvisés, habitat somnolent, marchés populaires et leurs échoppes colorées d'épices, de conserves, savon noir, alignées au voisinnage des poulaillers, herboriste brandant ses dépouilles de porcs-épics, écorces coquilles d'oursins et mystérieuses plantes poussièreuses.
Quelquepart, Quartier est, Sidi Moumen. Laboratoire aux kamikazes (le quartier d'où venaient les gosses qui se sont faits exploser le 16 Mai 2004à Casa). Du haut d’un pont qui enjambe la balafre béante du périphérique frontière entre le Casablanca nanti et les favelas version locale, le panorama est sans équivoque. Un océan de baraques et de constructions anarchiques. Au centre la place dite de la poste et son spectacle déroutant. Du fou qui exhibe sa teub au dealer exposant sa boule de haschich, en passant par le « docteur » qui écoule à la criée ses anti-dépresseurs de contrebande. Là un barbu en guenilles afghanes presse le pas pour aller rejoindre d’autres fidèles dans l’unes des mosquées clandestines faite d’un bric-à-brac de taules et surmontées de mégaphones de foire. Il fait mine de ne pas voir la prostituée fardée qui ondule dans son sillage et presse le pas.

LUNATIC ASYLUM

"Dans cette blanche clinique
Neuropsychiatrique
A force de patience et d'inaction
J'ai pu dresser un hanneton."


Une fois encore votre superhéro éponge les critiques des serpières de la blogsphère.
Alors, histoire de coller à notre image de doux-dingue unineuronal, on dédie ce début d'après midi... au swell et au noseriding.



(et spéciale dédicace à "diogène", elle est pour toi celle là...)

OU L'ON TRAITERA DE L'ART DU CAMOUFLAGE

jeudi, octobre 26, 2006

LA VIE EST UN LONG FLEUVE

Vous êtes nombreux à me demander chaque jour dans vos commentaires : "mais, Tof, dis nous un peu... elle ressemblent à quoi tes journées de taf au Maroc?"

Savez... la routine.

THE GREAT ROCK AND ROLL SWINDLE

Ouais on vous entend déjà, ça sent le sujet monté d'avance, la perf bien préparée, le goût vaseux mais on nous changera pas, nous, on aime. Profitez en, elle va pas rester longtemps celle-ci... l'oeil de moscou veille sur nos activités pixélisées...


mercredi, octobre 25, 2006

LOLA RASTAQUOUERE.




Le lecteur européen perché haut sur ses préjugés pourrait croire que, vivant au Maroc, on sort du champ des apparences et des phénomènes de mode comme ceux qu'on peut quotidiennement contempler sur la scène du grand théâtre du nord. Que néni, bistouri. Pas du tout, roudoudou. Si la modernité était musique l'Europe ressemblerait de plus en plus à une marche militaire et le Maroc à une symphonie de Monteverdi. Nous l'avons déjà vu précédemment, le Maroc est la version baroque de l'occident, la version technicolorisée, tridimentionnalisée, amphétaminisée du sociodrame européen, un opéra bouffe débraillé, bruyant, gargouilleux. C'est l'odyssée de l'excès, et dans les métropoles, comme ici à Casablanca, on peut à loisir observer l'homme surjouant son rôle de mâle dominant, et la femme de son côté surinterprétant de plus belle, campant sur son strapontin, french manucure, jeans-taille basse, brushing et balaillage, gemey, rouge, the devil wears Prada... c'est quoi ça d'ailleurs? un manuel de sciences sociales wahhabite?
Dans les 2500 ans de vie qui nous ont été accordé, à moi et mes sursinges collaborateurs ici à Casablancasylum, et qui d'ailleurs touchent à leur fin, dans ces 2500 ans de vie disions nous, nous avons eu l'occasion de dormir sous une multitude cieux et d'y fréquenter un nombre assez plantureux de femmes. Nous connaissions la femme française, ses glouglous de névrose, ses désirs de respectabilité et tout son fatras d’obsessions, l'américaine, à peu près tout aussi névrosée, avec ses fantasmes de barbie et sa vulgarité rose bonbon. Sans oublier l’anglaise, voluptueuse à tendance alcoolique, aussi imprédictible que la météorologie de son île. Mais comment imaginer ce qui nous attendait ici ? La femme marocaine. Et là, à la simple évocation de ses mots, notre main se fixe tétanisée par le déluge d’images et de parfums qui s’abat sur tout notre champ de conscience. La femme marocaine, la femme arabe ode à la vie, poème épique, allegretto roucoulant chantant la chair et l’amour. Comme on est loin du césarisme de la minceur version parisienne, et de ses exigences anguleuses. Oui, on a pas peur de le dire, la française a la fesse triste, la parisienne se dessèche, corps et âme. On pense même ici à monter une cellule de soutien au remplumage de la française. JOIN NOW! and get a free bonus t-shirt on www.feedthechicks.com
Et l'homme dans tout ça, le casablancais, qu'on connait bien ici... bah on lui dédiera une tribune entière et méritée, un de ces jours.
LECON DE POST-HISTOIRE - PART II

ZOOROPA




Tombé ce matin sur un article dans Philosophie Magazine de ce mois sur Olivier Razac, jeune loup de la philosophie féroce à qui on doit déjà un livre sur l'Histoire Politique du Barbelé et qui publie aujourd'hui L'écran et le Zoo, Spectacle et domestication, des expositions coloniales à Loft Story.

Mise en bouche :

"Le problème posé par la télé-réalité n'est pas essentiellement esthétique ou moral, il est éthique. La télé-réalité n'est pas un simple effet de mode. Elle est un dispositif de contrôle social voué à s'installer. Un ensemble de programmes au fonctionnement et aux effets semblables. Il ne faut donc pas se laisser aveugler par les émissions les plus controversées et voyantes. Ce modèle technologique est aussi bien partagé par des reportages, des talk-shows ou des émissions de variété. Disons, le brutalement, la télé-réalité fonctionne comme un zoo. Cela ne signifie pas que l'on y traite les gens comme des animaux. Il ne s'agit pas de provoquer une indignation humaniste mais de faire une simple comparaison fonctionnelle. On y montre des spécimens, c'est-à-dire des échantillons qui représentent des espèces.
Un tigre au zoo de Vincennes évoque le tigre en général. Il en est de même du délinquant filmé dans un commissariat, de l'obèse témoignant de son état ou du «lofter» typé (bourgeois, maghrébin, homosexuel). Et on montre aussi ces spécimens dans un environnement censé permettre une expression spontanée. Dans un bon zoo, les animaux vivent dans un décor qui ressemble à leur habitat. Les différents «lofts» sot de ce type. Mais le mieux est encore de filmer les «vraies gens» dans leur milieu naturel, des «jeunes des cités» aux pieds des cités. C'est un gage de véridicité assez proche du safari."

En somme, la télé-réalité n'est jamais que la forme la plus récente d’un dispositif qui place la surveillance au cœur de la vie sociale. "L’analogie entre la télé-réalité et le zoo n’est pas liée au fait que l’on traite les acteurs anonymes comme des animaux. Il réside dans la puissance du spectacle de la réalité de fabriquer des spécimens, d’en faire la promotion et ainsi d’en assurer la production".
Ou l’on comprend que la domestication concerne aussi bien ceux qui s’exposent que ceux qui les regardent.

Dispo dans toute les bonnes librairies

mardi, octobre 24, 2006

LECON DE POST-HISTOIRE. PART I.

Aujourd'hui :

POURQUOI LOIC LEMEUR EST-IL SI POPULAIRE ?





Pour la simple et bonne raison qu'il n'a rien à dire, et nous allons vous le prouvez.
Loic Lemeur est un valet de l'ordre ambiant, la pouffiasse de la modernité : demonstration.

La modernité c'est la disparition du négatif, devenu, par coup de force sémantique, synonyme de nihilisme. Il s'agit donc d'imposer un treizième commandement : "tu seras positif". Il y a aujourd'hui beaucoup d'agents de la disparition du négatif, ce sont nos nouveaux épurateurs, ceux que Philippe Murray surnommait "les nouveaux actionnaires" , les nouveaux actionnaires de la société anonyme Nouveau Monde. Et ce n'est pas le sourire abruti de Lemeur en haut-de-page de son blog qui nous contredira, ni ses posts et podcasts sur les acteurs de la bienpensance et du spectacle politique français... Lemeur c'est la modernité réchauffée, touillé à sa sauce "démocratie 2.0", la démocratie terminale.
Et si le politiquement correct est l'expression frigide du nouveau monde mort, Lemeur en est son porte étendard.
Son obeissance et son absence totale d'étonnement face au monde dont il parle, et tout cet amas de discussion se ramène rapidement à moins que zéro car sa manière decritiquer méconnait qu'elle est profondément une apologétique. ET elle ne pourrait être autre chose que si elle partait à chaque fois d'une position étonnée, c'est à dire étrangère à l'objet de l'étonnement.


Pour reprendre Murray : "le problème c'est que les faits, depuis quelques années, se sont mis en marche dans des directions dont on ne peut même pas s'étonner, parce qu'il est difficile de les voir"

Casablanca Asylum, se lance donc dans un cycle de "Leçons de post-histoire", afin d'apporter à vos yeux endormis une lumière désinfectante. A suivre....
GROSSE FATIGUE





Délirium tremens à Casablanca Asylum. La terre s'ouvre sous nos pieds. C'est la chute.
Casablanca Asylum se désole.
Casablanca Asylum s'interroge.
La blogosphère ne serait-elle pas l'Empire du Supercifiel, le nouveau Café du Commerce planétaire, plein de ses discussions vacillantes, de paralogismes chevaleresques et de ratiocinations de bristrot, ?
Le lecteur qui nous reçoit derrière son écran est-il prêt à se laisser enivrer et stimuler par des pages d'argumentations et de démonstrations? non le lecteur de blog n'a (généralement) rien à voir avec le lecteur de livres, l'approche est évidemment différente, le premier n'a souvent pas la patience du second, il consomme et évacue tandis que l'autre dissèque, déguste et intégre.
Une sévérité martiale doit donc être appliquée à la concision du propos, les posts ne devant pas exéder deux trois centaines de mots. Voilà pour la forme. (les vidéos et tracks audios étant bien évidemment les bienvenues car elles répondent à l'appétit de fulgurance du lecteur)
Le fond lui, en ce qui nous concerne, devrait peut-être plus se recentrer sur la singularité de nos visions, et sur l'observation du milieu ambiant puisque cette singularité vient justement de notre statut d'alien citizen, et du décalage et de la subjectivité même de notre jugement. (les récents post de Laurent, www.blogwaves.com, sur les samsar ou "le maroc vu de..." sont à ce titre d'excellents exemples de posts réussis et nous en profitons pour les saluer)
LA NUIT DES MORTS VIVANTS




Eh oui, je sais que je risque de me faire taxer d'ignoble coeur froid et autres noms d'oiseaux mais en cette dernière nuit de Ramadan je reviens d'une ballade en ville, et, de mémoire de françaoui, je n'avais encore jamais vu ça. Des mendiants par dizaines, par centaines par milliers, aux feux rouges par grappes de 6-8, aux coins des rues, drapés dans leurs linges les plus crasseux, des essaims de loqueteux où que se portent votre regard, le long des boulevards aussi, debout immobiles, levant le doigt au ciel à votre passage, espérant ainsi vous rappeler qu'en ce dernier jour de Ramadan il ne vous reste plus que quelques heures pour vous acquitter d'une de vos obligations fondamentales : le don.
Oui ce soir le Grand Festival de la Aumône est ouvert. Mais comment décrire cette ville, un mélange entre Kaboul, la Cour des Miracles, la Bodhgaya indienne et un de ces longs métrages de Lucio Fulci genre "L'Enfer des Zombies".

Non mais quel horrible personnage, comment ose-t-il écrire des atrocités pareilles?

Je vous rassure, en débarquant sur l'asphalt casablancais, il y a quelques années, j'étais le premier à me scandaliser de l'arrogance des riches marocains face aux mendiants. J'étais le premier à vomir l'ignorance princière des nantis à l'égards de nécessiteux tellement attendrissants. Aujourd'hui, je l'avoue, j'ai perdu toute forme de compassion, persuadé que toute cette affaire de mendicité n'est (dans son écrasante majorité) qu'une mafia organisée, orchestrée, impitoyable.

Tiens pour apporter un peu d'eau à mon moulin, je vous renvoie à un excellent article sur les réseaux de la mendicité au Maroc. Lisez le et dites moi si l'un d'entre vous à encore envie de se défaire d'un dirham au prochain feu rouge...

lundi, octobre 23, 2006

KULTUR KONFITUR



Dans la série, on démonte les méchanismes de la pieuvre médiatique occidentale, on vous offre aujourd'hui l'excellente interview de Peter Sloterdijk, extraite de la désormais censurée émission "Le Premier Pouvoir". Et un grand big up à Elizabeth Levy pour son irrévérence au sustyème et ses coups de gueule à rallonge.


Sloterdijk
Vidéo envoyée par raspoutine6666
LE THEATRE DU GRAND NORD




Quand on revient de France et qu'on retrouve ce joyeux bordel qu'est le Maroc, on se dit qu'on est bien content de le retrouver le grand chaos marocain, parce que de l'autre côté c'est pas mieux ça. Ca devient même bien pire, dans le sens inverse, notre souci de perfection s'est fait matamore, grand diktat imposé à tous.

Et ce n'est pas la lecture de "Moderne Contre Moderne" de Philippe Muray ne contredira nos observations. "La perfection, nous allons la faire advenir, nous avons enfin les moyens de faire coïncider notre idéal et les apparences par éradication de l'illusion afin d'instaurer une nouvelle ère de positivité totale. L'ennui c'est que le monde n'est jamais moins réel que quand on le déclare réel ; ou il l'est trop, il est passé au delà, dans un super-réel inhabitable, un réel dépassé comme on parle de coma dépassé, un ultra-réel sans accidents, sans catastrophes, sans surprises mauvaises ou bonnes, sans personne.

L'hyperfestivation c'est l'apothéose du Bien devenu obèse et obscène quand il ne comprend plus le Mal, à tous les sens du terme comprendre. Le Mal se désincarne tandis que le Bien devient obèse, comme ces obèses américains dont les corps prolifèrent dans toutes les directions par delà toute idée de séduction, dans une sorte de parodie de l'exigence de croissance où nos sociétés se sont piégées, dans une singerie monstrueuse de notre idéal du progrès."

Solution Muraynienne à l'adresse de nos lecteurs européens :

"Virer la modernité, la balancer avec l'eau du bain de pied progressiste sans cesse alimenté par les discours douceureux de tout les gardiens de l'escroquerie libératrice, et mettre au chomage tous les histrions-confiseurs qui passent criminellement leur temps à noyer sous des sucreries le fait, irréfutable mais invérifiable que "l'homme est né non libre" et que "le monde est né non vrai, non objectif, non rationel" comme le dit énergiquement Baudrillard."

Nous ici, on vit notre vertige, dans une toute autre modernité, mais c'est encore une autre histoire.

dimanche, octobre 22, 2006

POUR LE PLAISIR...

LIBERTE D'EXPRESSION

A tous nos amis de la bienpensance, à tous les pourfendeurs des communautarismes et à ceux qui pensent encore que la liberté d'expression en France ne souffre n'aucun mal, nous offrons un petit voyage dans le temps, une époque pas si éloignée où les chiennes de garde et autres MRAPistes n'avaient pas encore distribué leur premières muselières.

samedi, octobre 21, 2006

WEEK END'S SPECIAL GIFT : NABE & CHORON PROFESSOR


Choron-Et-Nabe Marc Edouard Nabe
Vidéo envoyée par raspoutine6666
S.O.S AMITIE



On trouve ici et là sur internet des groupuscules anti-steevy réclamant une interdiction d'antenne pour la péruche péroxydée. Nous, à Casablancasylum, on préfèrait d'abord décapiter la gueule de foetus de Gérard Miller.
Fin de semaine chez Ruquier, cet ectoplasme de la bienpensance et de la moraline de partie, ce cacatoès du PAF nous ressort sa brocaille et attaque violement une de nos plumes protégées : Marc-Olivier Nabe.

En voici l'extrait de l'émission de Ruquier :

http://www.neufstream.com/tag/Ruquier/video/xj08s_nabe-ruquier-video-pirate-censuree

Et histoire de ne pas rester sur les propos du psy pisse-vinaigre, une présentation un peu plus objective de notre Nabab Marco :


http://marc.edouard.nabe.free.fr/Nabe_Campus_le_27_janvier_2006.wmv/
LA MOLECULE

Ou, l'approche belge de l'infiniment petit. Souvenir...


CO2
envoyé par titidu91
PLAYLIST




Un peu de son, qui va s'en plaindre surtout que les temps sont durs pour nos oreilles, pas grand chose à se mettre sous le tympan (voir notre post Design Sonore).
Du son donc, moody, électro minimal, trip-hop, pop, et tout est dispo sur Emule! Elle est pas belle la vie?

Karma Police - Easy Star All-Stars
Yellow Moon - The Neville Brothers
Ayo - Help is coming
Precious - Michael Mayer Balearic Mix
Shake ya Body - Fat Phaze
Bring back the beat - Pascal Foes
Senorita Tristeza - SCSI-9 (sur emule entrer les mots : KOMPAKT KOM 129, un maxi du label éponyme)
Nightmares on Wax - You wish
Cool Cat - Queen of Japan
Upside down - Jack Johnson
Better Together - Jack Johnson
Never Know - Jack Johnson
Poster - Jack Johnson
CASTRATION OCCIDENTALE




61% des personnes qui ne fréquentent jamais ni bars ni cafés, déclarent qu'elles s'y rendraient si elles n'apercevaient pas un rond de fumée. Comme si aux temps où les maisons closes existaient, on en avait bannis les prostitués pour que les familles puissent s'y rendrent le week-end avec la grand mère et les enfants en bas-âge. Les autoroutes, dans le même ordre d'idée, seraient beaucoup plus sûres sans voiture. La plage sans la mer, la mer sans les vagues, les plaisir sexuel sans l'acte sexuel and so on and so on
La quête de la santé, ce trésor des Templiers de notre époque, est une recherche sans fin et le fumeur, qui en Europe apparait maintenant comme une espèce menacée, en voie d'extinction finale, le fumeur européen qui doit déjà subir les lugubres mises en garde imprimées en lettre de deuils sur le paquet (j'en ai ramené 2 cartouches dûment estampillées), le fumeur européen qui en fumant se met en danger est "nuit à son entourage", "risque des maladies cardiaques et pulmonaires mortelles", va "mourir prématurément", et torture ses spermatozoïdes, oui ce fumeur là semble bel et bien voué à une disparition rapide.
Rien à voir évidemment avec le fumeur évoluant dans une ville comme Casablanca, ici et nous on apprécie, c'est cendriers et fumées à tous les étages, à l'arrière des taxis, dans le bureau du banquier, dans les couloirs des hôpitaux, c'est tout kif-kif, freedom land.
La récente décision d'interdire toute fumée dans les bars et autres endroits nocturnes est bien dans l'air du temps. Cette époque où tout ce qui jadis tombait sous le sens doit à présent faire l'objet d'avertissements draconien et en grosses lettres.
Qu'est-il donc arrivée à l'espèce humaine pour que les périls les plus flagrants retombent dans le domaine de l'inconnu comme si la réalité la plus ordinaire était devenue forêt vierge?
Faut-il y voir, comme Philippe Murray, une entreprise de déresponsabilisation savantes des êtres humains par les gouvernants? En complicité avec les gouvernés?
"Comme si l'on s'entendait, sans le dire, pour redevenir tous des enfants irresponsables et fiers de l'être, et prêts à porter plainte en toute occasion pour défaut d'étiquette et donc tromperie sur la marchandise."

vendredi, octobre 20, 2006

UN MAROCAIN EN SURSIS



Le Ramadan, nous chez Casablancasylum, on en redemande : journée de 5 heures de boulot, ou plutôt, devrions nous préciser, 5 heures à faire acte de présence car le taf pendant ce mois dédié à la productivité et au dépassement de soi, on en voit pas trop la couleur. Du coup on se balade sur le web et sur quoi on tombe, un truc pas top glamour, encore une info à côté de laquelle on est passé,
Semblerait que notre cher Cheikh Yassine se plaise à jouer de la moulinette à fatwas.

Détail des faits (extrait de jenesaisplusquel site)

Sauvons El Jazouli
NE LAISSONS PAS MOURIR LE « SALMAN RUSHDIE » MAROCAIN !

Qui a intérêt à laisser mourir un laïque marocain ?

Anas El Jazouli est l'organisateur de l'élection de la première Miss Maroc en 2002.

Dans cette monarchie, cette élection ne se résuma pas à une simple cérémonie car il s'agissait avant tout de question de liberté individuelle et de tolérance. 14 000 jeunes femmes marocaines ne s'y trompèrent pas et concoururent pour le titre de « Gazelle de l'Atlas ».

Cet engouement ne fut pas du goût des islamistes marocains et Anas El Jazouli fut victime d'une Fatwa de la part du cheick Abdeslam Yassine de l'organisation islamiste Al Adl wal Ihssane.

Le journal islamiste « Al Tajdid » qualifia alors Anas El Jazouli de « Salman Rusdhie marocain ».

Dés lors, il ne restait plus à Anas El Jazouli et sa famille qu'à rejoindre la France comme terre d'asile pour fuir les menaces grandissantes des intégristes.

Dès son arrivée dans notre pays, Anas El Jazouli continua son combat pour les libertés et les droits de l'Homme en créant ou participant à plusieurs associations. Président du Mouvement Laïc Marocain, président de l'Association des Opposants Marocains à l'Etranger, membre du Mouvement pour la Défense des Minorités au Maroc, membre du Manifeste des Libertés, Anas El Jazouli déploya un militantisme qui mérite le respect de tous les laïques.

Or Anas El Jazouli est aujourd'hui sous le coup d'une invitation à quitter le territoire, victime lui aussi des mesures restrictives au droit d'asile orchestréespar le ministre de l'intérieur Sarkozy.

On imagine aisément ce qu'il adviendra de lui et de sa famille, pris en étau entre les islamistes et les services secrets de la monarchie marocaine, si ils sont expulsés dans leur pays d'origine.

Ses jours sont menacés en cas de retour au Maroc.

Nous ne pouvons l'accepter !

Comme nous ne pouvons pas supporter que le gouvernement français puisse le laisser choisir la mort par la grève de la faim qui depuis plus de 20 jours altére ses facultés et son espérance de vie..

Un comité de soutien composé d'élus de Seine Et Marne comme Michel Billout sénateur-maire de Nangis (77), Sylviane Chavany Conseillère régionale, Daniel Guerin Conseiller régional, Pierre Carassus ancien député, maire de Vaux Le Pénil et d'autres ainsi que d'associations comme RESF 77 et l'UFAL 77 soutient la famille El Jazouli et ne comprend pas l'omerta existant autour de sa situation.

Manifestez votre soutien à Anas El Jazouli en allant signer et en faisant signer la pétition de soutien sur


http://www.sauvons-eljazouli.info/ et en diffusant l'information/


Merci
AGENT PATHOGENE



Surprise ce matin à la lecture du Magazine Tel Quel (organe de presse marocain indépendant, moderne et inclinant vers la laïcité). Surprise donc à la lecture d'un article s'étonnant que Tariq Ramadan ait été interdit de séjour aux US. Ramadan c'est comme Le Pen, la presse devrait s'abstenir de relayer son quotidien et passer sous silence ses sorties médiatiques et "livresques" d'ailluers ici on lui dédie ce billet et après on le range dans sa petite boite à intransigeances.
Pour ceux qui se laisseraient encore bercer par les discours nappés de sucre glace du frangin tarik, checkez bien ce lien :


http://www.prochoix.org/freretariq/elle.html/


vous devriez rapidement y voir plus clair.

jeudi, octobre 19, 2006

MONUMENTS A LA GLOIRE DE MES LECTEURS INCONNUS



En me balandant sur les paramètres du blog j'y découvre une rubrique modérer les commentaires et oh my gosh, what is it that I see? On est vraiment des billes, des grosses baudruches chez Casasylum. Des commentaires muselés mes enfants, les vôtres! Là, embastillonnés dans une page à colonnes, merveilleux, j'hurle à mon fidèle collaborateur, le chat Typhus, d'éteindre immédiatement le gaz, la vie vaut encore la peine qu'elle nous donne.
Je m'en vais donc libérer tout vos commentaires et élever un monument à votre grandeur.

ROCK AROUND THE BUNKER



















Sursaut de cervelle, une phrase me revient soudainement à l'esprit : "tout semble opposer la culture des cultivés à la culture de masse : qualité à quantité, création à production, esthétique à marchandise, élégance à grossièreté, savoir à ignorance" c'est encore le vieux Morin dans une de ses prophéties rédigée début des années 60 "L'Esprit du Temps"
Ainsi la note de lecture d'aujourd'hui pourrait être attaquée sous l'angle de la quantité, toujours dans l'esprit du temps :

Les Bienveillantes, roman Numéro un des ventes en France depuis 2 mois. A la pesée : un bon kilo de papier, 900 pages, 500 000 mots, 2 500 000 caractères, 30 bonnes heures à s'y abîmer la rétine, 5 années de travail d'écriture selon l'auteur, déjà plus de 100 000 exemplaires vendus en France, stocks épuisés puis réapprovisionnés, thank god... et au final... ?

Au final, le roman épique, dostoïevskien (mais manquant selon moi du souffle lyrique qu'on trouve chez les russes ou chez Céline pour ne citer que lui) que nous avait vendu la presse. Le souci de l'auteur, montrer le nazi comme un homme abruti sous le feu de la propagande, prisonnier d'un système qui le dépasse, et traversé par des éclair de conscience et de doutes. Un peu comme chez nous dans la Matrice en somme, mais ne quittons pas notre route, le roman. Le roman pêche donc un peu trop souvent par des longueurs en partie du à ce besoin de descritpion quasi chirurgicale de la bureaucratie nazi, des nombreux services qui la compose et ne cessent de se tirer dans les pattes (SS, AOK, Einsatzgruppe, Kripo, GFP, SD, RSHA, ReichKomissariat...) et de l'abnégation et des peines qu'un officier moyen doit supporter pour faire son chemin et gravir tranquillement la hiérarchie nazillonne.

Et tout au long du livre, en filigrane, la question revient : qu'est ce qui a fait des SS des assassins méthodiques? Un cocktail variable d'exaltation idéologique, d'ardeur patriotique, de soumission à l'ordre, d'ambition, de cynisme, de désir de reconnaissance. Mais un authentique racisme, apparemment pas ou si peu, ou alors non, juste un racisme ordinaire, une mélodie en sous-sol mais rien de vraiment de plus revanchard ou sadique que dans n'importe quel autre conflit. Les juifs étant surtout envisagé comme un obstacle à la réalisation d'un grand projet national, il est donc légitime des les éliminer. Tel est la loi et l'homme est une créature qui aime tant à se soumettre à une loi. A certains moments on se demande autour de quelle vérité l'auteur essaie de nous convoquer, mais on continue de Stalingrad à Berlin, d'un hôtel thermal au bord de la Mer Noire à la Zone Libre française et la provence des années 40, on plonge. Mais quand même 30 heures de perdus dans ces pages alrs qu'on pourrait se la donner en terrasse de café avec notre dernière paire de basket Geox, à mater des culs...

mercredi, octobre 18, 2006

REUSSIR SA VIE




Ah! le dolorisme à la française, nos chers héxagonaux, en indécrottables géomètres du malheur qu'ils sont, n'ont toujours rien trouver de mieux à foutre que d'auto-fertiliser leur merde ambiante.
C'est qu'ici à Casablanca Asylum, notre équipe, rentrée pimpante de ses vacances ramadanesques en zone libre, retrouve le rythme gras du mois sacré des musulmans, et dispose donc de plages horaires libres et incomparables qu'elle met bien évidemment à profit d'une lecture débordante d'appétits (et oui mes chéris, on est rentré les valises pleines de livres... mais c'est qu'il faut bien reconnaitre que niveau culture la Matrice c'est un peu la Laponie)
Ici donc c'est un peu comme sur France 2 : un jour, un livre. Aujourd'hui "Réussir sa vie" de Bruno Gibert (célébré il y a quelques années pour son premier roman, tout aussi doloriste : "Claude")
Alors évidemment qu'on s'attendait à du second degré mais avec de l'humour fondu sur le dessus, de dérision, ou noyé dans l'absurde, mais là non, un réalisme voyeuriste, une galerie d'une trentaine de portraits de banlieusards en fond de cale, de suicidés vivants, bref ceux qu'on se plait désormais à appeler la france d'en bas.
Pourquoi le littéraire héxagoneux n'arrive-t-il pas à s'extraire de ces complaintes de laboureur, et des histrions chagrineux qui traversent incessament ses récits? Vieux débat, qui nous opposera éternellement à la littérature conquérante et éjaculatrice made in outre manche et à ses héros testostéronés à la cuillère à soupe.

Alors on le conseille ou pas en fin de compte? (et là je m'adresse évidemment à mon unique lecteur de Paris 17ème) écoute, on vas la fair comme ça, disons que pour un dimanche aprem tout mouillé, ça peut te faire passer deux bonnes heures, mais si j'étais toi j'attendrai mon prochain voyage au Morocco pour te l'enfiler tranquillement un aprem sur ma terrasse.

dimanche, octobre 01, 2006

EMBRASSER L'IMPROBABLE.




Extrait de : "Vers l'abime", Edgar Morin.

L'occidentalisation englobe le monde, mais provoque en réaction des refermetures identitaires ethniques, religieuses, nationales. Les certitudes irrationnelles égarent à nouveau, mais la rationalité abstraite, calculante, économistique, managériale, technocratique est elle-même incapable de saisir les problèmes dans leur humanité et dans leur planétarité. Les esprits abstraits voient l'aveuglement des fanatiques, mais non le leur. Les deux cécités, celle de l'irrationalité concrète et celle de la rationalité abstraite, concourent pour enténébrer le siècle naissant.
Les nations ne peuvent résister à la barbarie planétaire sinon en se refermant de façon régressive sur elles-mêmes, ce qui renforce cette barbarie. L'Europe est incapable de s'affirmer politiquement, incapable de s'ouvrir en se réorganisant, incapable de se souvenir que la Turquie a été une grande puissance européenne depuis le XVIe siècle et que l'Empire ottoman a contribué à sa civilisation. (Elle oublie que c'est le christianisme qui, dans le passé, s'est montré intolérant pour toute autre religion pendant que l'islam andalou et ottoman acceptait christianisme et judaïsme). Sur le plan mondial, les prises de conscience sont dispersées. L'internationale citoyenne en formation est embryonnaire. Une société civile planétaire n'a pas encore émergé. La conscience d'une communauté de destin terrestre demeure disséminée. Une véritable alternative ne s'est pas encore formulée.
Jean-Pierre Dupuy, dans son livre Pour un catastrophisme éclairé ("La couleur des idées", Seuil), propose de reconnaître l'inévitabilité de la catastrophe afin de l'éviter.' Mais, outre le fait que le sentiment d'inévitabilité peut conduire à la passivité, M. Dupuy identifie abusivement le probable à l'inévitable. Le probable est ce qui, pour un observateur en un temps et un lieu donnés disposant des informations les plus fiables, apparaît comme le processus futur. Et effectivement tous les processus actuels conduisent à la catastrophe. Mais l'improbable reste possible, et l'histoire passée nous a montré que l'improbable pouvait remplacer le probable, comme ce fut le cas en fin 1941début 1942 quand la probable longue domination de l'empire hitlérien sur l'Europe devint improbable pour faire place à une probable victoire alliée. En fait, toutes les grandes innovations de l'histoire ont brisé les probabilités : il en fut ainsi du message de Jésus et Paul, de celui de Mahomet, du développement du capitalisme puis de celui du socialisme.

La porte est ouverte donc sur l'improbable, même si l'accroissement mondial de barbarie le rend actuellement inconcevable.