
C'est l'abattement général, la grande déconfiture dans nos murs lézardés.
- "Quoi? De quels maux souffres-tu auteur?" s'enquiert le lectorat? "Seraient-ce les élections françaises qui te turlupinent le citron?"
- "Pas du tout lecteur invisible, je te laisse le soin de surveiller cette volière et tous les cacatoès qui s'y pressent! Sache que le court-bouillon de neurones essouflées qui préside en ces lieux est un pur concentré d'apolitisme, un irresponsable en puissance qui se rit des gesticulations et autres harranges à caractère électoral, carabistouilles que tout ça. Non ce n'est pas cela, c'est bien plutôt la finalité de toute cette entreprise bloguesque qui nous scepticise la conscience et réveille notre aquoibonnisme naturel. Des éclairs de lucidité nous transpercent la cervelle, des flashs comme des coups de fouets, et l'étrange sentiment d'être tombé aussi bas que les street-preachers qui hurlent sur les trottoirs new-yorkais"
- "Mais regarde je suis là moi, regarde, ta conscience s'est démultipliée comme un miroir brisé, tu t'es fais schizophrène, multiple personnality disorders, pour devenir ton propre spectateur, le témoin de ta chute à venir."
- "Peut-être es-tu dans le vrai... dans ce cas pourrais tu me dire où tu la vois toi cette chute à venir? Quels décors pour la fin du voyage?"
- " Ah mais sans hésiter : la Baie de Nouadhibou !"
- " Parce que je te connais auteur, et je n'ignore pas ta fascination pour le titre de ce poême de Paul Valery, Le Cimetière Marin"
- " Umh ...
"Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair."
- "Qu'est ce que je te disais ! Mais ne monte pas sur ton grand Verbe, laisse moi d'abord te dire Nouadhibou...
Location : Mauritania
Lattitude : N20 55.052
Longitude : W17 02.900
Altitude : 0
Là, aux portes de ton afrique fantôme, la suprême élégance des pays oubliés, espaces magnifiés, plus fantômatiques que jamais.

Trois cents épaves ensommeillées, coulées vives, là, lovées dans les longueurs du littoral.

"O poulpe au regard de soie ! toi, dont l'âme est inséparable de la mienne ; toi le plus beau des habitants du globe terrestre, et qui commande à un sérail de Quatre cents ventouses... pourquoi n'es-tu pas avec moi, ton ventre de mercure contre ma poitrine d'aluminium, assis tous les deux sur quelque rocher du rivage, pour contempler ce spectacle que j'adore..."
Lautréamont, prélude au Vieil Océan des Chants de Maldoror

On raconte que certaines épaves sont squattées, improvisées abris de fortune par quelque fondateurs d'asiles, et vas savoir pourquoi ma cervelle me renvoie aux squelettes d'oiseaux nains qu'évoque Saint John Perse, je ne sais trop où...

Adieu donc confesseurs de souffles, scruteurs de basses marées, RIP.