On raconte qu'au moment où les Corinthiens s'apprêtaient à tenir un siège et en effectuaient les préparatifs, Diogène roulait sa barrique, ajoutant à la débacle, sans faire quoi que ce soit d'utile, mais singeant la précipitation et le sérieux des hommes affairés, se riant de leur myopie mentale. Incroyable, effroyable capacité de notre race humaine à se prendre au sérieux...
Le sérieux, une valeur universellement partagée
Les leçons de Diogène coulent comme du chocolat chaud dans les veines du grand Casablancasylum, organe parasitaire au service de la destruction des illusions humaines... ô trop humaines....
Ainsi donc et, fidèle à notre ligne éditoriale nous n'aborderons pas le thème du Ramadan 2007, long mois de solitude pour le français vivant au Maroc. Long mois pendant lequel l'étranger pourra à loisir apprécier sa radicale "étrangeté", sa condition de paria, d'ostracisé.
Nous ferons également l'impasse sur l'incontournable "Comment ramasser un max de thunes au Maroc" et n'aborderons pas non plus le problème des femmes mauritanniennes que l'on gave comme des canards à foie gras pour qu'elles soient grasses et en accord avec les canons de la beauté de cette province sablonneuse. Rien non plus sur la démocratisation, l'illetrisme ou les dernières élections au Maroc.
Au lieu de ça, une simple invitation. Respirez, détendez vous, et dirigez vous vers la plage la plus proche. Assis sur le sable, restez-y une bonne heure, les yeux dans les vagues, à réciter ces phrases intemporelles :
On a dit : "les yeux dans les vagues" !
"Vieil océan, ta grandeur matérielle ne peut se comparer qu’à la mesure qu’on se fait de ce qu’il a fallu de puissance active pour engendrer la totalité de ta masse. On ne peut pas t’embrasser d’un coup d’œil. Pour te contempler, il faut que la vue tourne son télescope, par un mouvement continu, vers les quatre points de l’horizon, de même qu’un mathématicien, afin de résoudre une équation algébrique, est obligé d’examiner séparément les divers cas possibles, avant de trancher la difficulté. L’homme mange des substances nourrissantes, et fait d’autres efforts, dignes d’un meilleur sort, pour paraître gras. Qu’elle se gonfle tant qu’elle voudra, cette adorable grenouille. Sois tranquille, elle ne t’égalera pas en grosseur ; je le suppose, du moins. Je te salue, vieil océan !"
Lautréamont : Les Chants de Maldoror - Chant I, Strophe IX.
"Vieil océan, ta grandeur matérielle ne peut se comparer qu’à la mesure qu’on se fait de ce qu’il a fallu de puissance active pour engendrer la totalité de ta masse. On ne peut pas t’embrasser d’un coup d’œil. Pour te contempler, il faut que la vue tourne son télescope, par un mouvement continu, vers les quatre points de l’horizon, de même qu’un mathématicien, afin de résoudre une équation algébrique, est obligé d’examiner séparément les divers cas possibles, avant de trancher la difficulté. L’homme mange des substances nourrissantes, et fait d’autres efforts, dignes d’un meilleur sort, pour paraître gras. Qu’elle se gonfle tant qu’elle voudra, cette adorable grenouille. Sois tranquille, elle ne t’égalera pas en grosseur ; je le suppose, du moins. Je te salue, vieil océan !"
Lautréamont : Les Chants de Maldoror - Chant I, Strophe IX.