jeudi, juillet 19, 2007

STYLISH MAFIA


Hiérarchie stricte, contrôle des activités illicites, connexions avec la société civile, les milieux d'affaires et les hommes politiques ; les activités des organisations criminelles japonaises ressemblent à celles de toutes les mafias du monde. Mais les yakuza ont aussi leurs spécificités, issues d'un contexte culturel et d'une histoire propres. L'une d'entre elle : l'irezumi (tatouage rituel) et le yubitsume (amputation de l'auriculaire)


Se faire tatouer constitue un test d'endurance et de courage étant donné la méthode particulièrement douloureuse. Contrairement à son homologue occidental il est entièrement fait à la main. On utilise toujours de fines aiguilles, de l'encre de charbon et des pigments de couleur. L'outil du tatoueur est une sorte de manche en pointe, en général en métal mais autrefois en bambou, au bout duquel sont insérées ces aiguilles.


A l'origine les tatoos étaient rudimentaires : chaque fois qu'un yakuza refroidissait un type, il se tatouait un cercle autour du bras, mais avec le temps le rite gagna en compléxité. En outre, c'est le symbole que l'on quitte la société civile pour entrer dans une société parallèle, celle du crime. Le tatouage yakuza, très codifié, repose sur des règles strictes qui sont à la limite des arcanes ésotériques. Par exemple, un véritable irezumi a une progression très spécifique, en partant de la mer vers le bas, puis en remontant progressivement avec les cieux au plus haut.


On ne peut pas mettre non plus n'importe quel dessins dans un irezumi. Bien sûr, on trouvera les classiques samuraïs, dragons et onis, mais aussi la carpe (on dit que cette dernière remonte les chutes d'eau et quand elle a atteint le haut, elle se transforme en dragon). On nage donc en plein mélange de culture païenne, très exotique pour nous gaijins.


Notons en passant que de la même façon que la grand mère française considérera toujours le tatoué comme un ex-taulard ou un maquereau potentiel, la tranche la plus âgée de la population nippone voit toujours dans l'ornementation corporelle le signe terrible et terrifiant d'une appartenance à la mafia. Encore aujourd'hui, de nombreux endroits sont interdits aux personnes tatouées (établissements de bain, les piscines publiques ou les parcs d'attraction)


Le yubitsume quant à lui est un signe de manquement aux devoirs, de trahisons ou de fautes. Afin de se faire pardonner par son chef, l’oyabun, le yakuza s’amputera d’une phalange, la mettra dans du papier et la fera parvenir à son maître comme marque de pardon. Si le yakuza renouvelle ses fautes, c’est au tour des autres doigts de subir une ablation. Peu d’entre eux conservent leur main en parfait état. Il est reporté que la plupart d’entre eux, après avoir obtenu le pardon, conserve cette phalange dans un flacon de formol, bien en vue de manière à ne pas renouveler l’expérience.


Bien souvent, en cas de haute trahison du clan tout entier, l’ablation n’est pas suffisante, et le yakuza termine dans les statistiques… Cette tradition se perd de plus en plus par souci de discrétion face aux autorités. Il était devenu difficile aux repentis de se ranger, le signe étant trop visible. Ainsi depuis une dizaine d’années, on peut voir l’apparition de chirurgiens spécialisés dans la reconstitution de phalanges, ou d’experts en prothèses auriculaires. « Yukako Fukushima, 31 ans, est passée experte en faux doigts. Sa clientèle ? Les mafieux nippons qui veulent se refaire une réputation en remplaçant l'auriculaire qu'ils se sont coupé en signe d'obéissance à leur chef.

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